Les causes d’un déficit en fer
Toutes formes confondues, l’anémie touche environ 3 % de la population canadienne. La forme la plus fréquente est due à une carence en fer, d’où son nom, «anémie ferriprive». Elle touche principalement les adolescentes et les femmes de 20 à 49 ans. La raison est simple: les menstruations, qui causent des pertes sanguines (donc de fer) chaque mois.
Une carence en fer peut aussi être observée chez des enfants souffrant de malnutrition, chez des personnes dont l’alimentation est mal équilibrée ou qui absorbent mal le fer (ex.: maladie cœliaque ou de Crohn, chirurgie gastrique). Elle peut également apparaître chez des personnes qui ont des pertes de sang anormales sur une longue période. On voit cela dans certains cas d’ulcère de l’estomac et de l’intestin (gastroduodénal), de prise d’Aspirine (acide acétylsalicylique), et de cancer du côlon ou de l’utérus, notamment.
Le rôle crucial du fer dans le corps
Le fer est essentiel pour transporter l’oxygène dans l’organisme. Il fait partie d’une protéine qu’on appelle hémoglobine. C’est elle qui donne la couleur rouge au sang et qui est le transporteur officiel d’oxygène. L’anémie survient quand le taux d’hémoglobine du sang tombe sous la normale. Ça peut arriver quand on perd beaucoup de sang ou qu’on manque de fer pour fabriquer des molécules d’hémoglobine.
Les symptômes de l’anémie
Le sang appauvri est moins efficace pour transporter l’oxygène. Tout le corps est moins bien oxygéné, et ça inclut le cerveau et les muscles. C’est ce qui explique les symptômes de l’anémie, que voici:
- Fatigue anormale;
- Essoufflement plus prononcé à l’effort;
- Pouls accéléré;
- Teint pâle;
- Mains et pieds froids;
- Étourdissements;
- Maux de tête;
- Perte de cheveux importante;
- Diminution des performances intellectuelles.
De la carence en fer à l’anémie ferriprive
À moins d’une hémorragie importante, le taux d’hémoglobine ne chute pas du jour au lendemain. Les réserves en fer diminuent petit à petit, rendant plus difficile la fabrication de nouvelles molécules d’hémoglobine en quantité suffisante. Selon l’importance des pertes sanguines ou le déficit en fer dans l’alimentation, la carence peut prendre de quelques mois à plusieurs années à s’installer. Des analyses sanguines permettent de vérifier l’état des réserves (la ferritine) et de réagir avant que l’anémie ferriprive s’installe.
Cela a toute son importance: on a le temps de corriger la situation. Voilà pourquoi consulter son ou sa médecin si on se croit à risque est fondamental. C’est par exemple le cas si on a eu des grossesses rapprochées dans les dernières années ou que la préménopause provoque des saignements menstruels abondants. C’est aussi le cas si on commence à ressentir une fatigue inhabituelle ou qu’on voit progressivement apparaître les symptômes de la carence.
Dans le doute, on ne prend pas de risque, parce que l’anémie chronique non traitée peut avoir des conséquences graves, comme entraîner des problèmes de rythme cardiaque.
L’alimentation: la clé pour prévenir l’anémie
Un déficit en fer lié à l’alimentation peut être dû à un apport insuffisant ou à une difficulté à l’absorber. Les nutritionnistes peuvent vous aider à le déterminer. Disons qu’ils et elles ont le savoir-fer!
Les personnes végétariennes ou véganes, ou celles qui excluent certains groupes d’aliments ou qui vivent dans l’insécurité alimentaire sont davantage exposées à un déficit. Les femmes ont des besoins en fer plus de deux fois plus élevés que les hommes. Les personnes végétariennes, 1,8 fois plus élevés que celles qui mangent de la viande. C’est donc dire qu’une femme végétarienne doit porter une très grande attention à sa consommation de fer.
Les aliments et habitudes qui aident à prévenir l’anémie
Dans les aliments, on trouve le fer sous deux formes: héminique et non héminique. Le premier est beaucoup mieux absorbé que le deuxième. En plus, l’absorption du fer non héminique est plus «fragile». Elle est réduite notamment par le café, le thé et les suppléments de calcium.
«Héminique» signifie que le fer est attaché à une molécule «hème». C’est ainsi qu’il apparaît dans le sang. C’est donc dire que le fer héminique est présent dans les aliments issus de muscles ou d’organes animaux, comme la viande, la volaille, le foie et les autres abats.
La viande renferme les deux sortes de fer: du fer héminique dans une proportion de 40 à 45 %, et du non héminique à 55-60 %.
Les aliments d’origine végétale, eux, ne contiennent que du fer non héminique. Même chose pour les œufs.
Aliments qui sont source de fer héminique
- Foie et pâté de foie
- Viande (bœuf, agneau, porc…) et volaille (poulet, surtout la partie brune, dinde…)
- Fruits de mer (huîtres, moules, palourdes…)
- Poissons (sardines, flétan, aiglefin, saumon, thon…)
Aliments qui sont source de fer non héminique
- Légumineuses: soya, lentilles, pois chiches, fèves de Lima, haricots à œil noir, haricots blancs ou rouges
- Mélasse verte (blackstrap)
- Tofu, tempeh
- Noix et graines: graines de citrouille, graines de tournesol, noix de cajou, amandes, pistaches
- Produits céréaliers enrichis comme certaines céréales à déjeuner, farines ou pâtes alimentaires (vérifier la liste des ingrédients)
- Légumes verts: cœurs de palmier, épinards, petits pois, asperges, algues
Trucs pour mieux absorber le fer non héminique
Puisque le fer non héminique est moins bien absorbé, on peut faire une réelle différence en adoptant ces 4 stratégies.
- Manger une bonne source de vitamine C en même temps (clémentine, orange, kiwi, fraise, poivron de couleur, tomate, brocoli, etc.).
- Combiner avec de la viande, une volaille ou du poisson si le régime alimentaire le permet.
- Attendre au moins deux heures après le repas pour boire du thé ou du café.
- Si on prend des suppléments de calcium, le faire entre les repas pour ne pas nuire à l’absorption du fer.
Le traitement de l’anémie ferriprive
C’est sous la supervision de votre médecin que se fait le traitement de l’anémie ferriprive. Le premier objectif est d’en identifier la cause. Si d’importantes pertes sanguines en sont à l’origine, votre médecin cherchera une solution pour les éliminer. Le second objectif est de corriger la carence en fer. Selon l’état du déficit, votre médecin vous prescrira peut-être un supplément de fer.
La supplémentation n’est pas prise à la légère. Elle peut causer des effets secondaires comme la constipation, des nausées, des brûlures d’estomac, un goût métallique et la coloration des selles (noires). Votre pharmacien ou pharmacienne vous informera sur ces effets et pourra vous donner des conseils pour les limiter. Puis, avec ou sans supplémentation, votre médecin vous recommandera de consulter un ou une nutritionniste afin d’augmenter les sources de fer dans votre alimentation et d’en maximiser l’absorption.
En prévention de l’anémie ferriprive ou au cours d’un traitement, les conseils personnalisés d’un ou une nutritionniste vous permettront de parfaire (ou plutôt de «par-fer»!) vos habitudes alimentaires.
Merci à Stéphanie Côté, nutritionniste, pour la rédaction de cet article.