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Survivre à la pression d’aimer le temps des fêtes

26 novembre 2024

Temps de lecture 5 minutes
Malgré la magie supposée des fêtes, il est possible qu’on ne le vive pas comme tel, et cette période peut être accompagnée d’une pression à aimer ce moment de réjouissances. On peut appréhender les festivités et les rassemblements avec une certaine réticence, voire avec une réaction viscérale digne du Grincheux! La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier explore les raisons possibles et des façons de se créer un temps des fêtes moins stressant.

L’approche du temps des fêtes sonne la venue des courses, de la recherche de (nombreux!) cadeaux, des préparatifs culinaires, des invitations, de la conciliation des les cellules familiales, des déplacements à orchestrer et j’en passe! Déjà qu’il s’agit d’une période chargée, on peut facilement ressentir une «obligation» à éprouver du bonheur dans cette traversée des fêtes!

Mais comment peut-on ne pas aimer le temps des fêtes?

Chaque personne a un bagage unique lié au temps des fêtes et un rapport différent à cette période de l’année. En plus grand nombre qu’on le pense, les Grincheux font face à de l’incompréhension. Comment peut-on oser dire qu’on n’apprécie pas le temps des fêtes?

Une pression sociale à aimer le temps des fêtes

Il y a sans contredit une proposition sociale de ce que devrait être le temps des fêtes et une pression à aimer ce moment festif de l’année. Une recherche d’éclat et de magie parfaite. Toutefois, il y a tellement de raisons qui peuvent faire en sorte qu’on n’entrera pas dans cette période de festivités le sourire fendu jusqu’aux oreilles! Par exemple:

  • Pour beaucoup d’entre nous, le temps des fêtes devient un douloureux marqueur de notre solitude, de notre célibat ou de notre non-parentalité non souhaitée;
  • La commercialisation de cette période de l’année et l’encouragement à dépenser pour acheter des cadeaux peuvent être des irritants, notamment pour les personnes plus vigilantes ou limitées financièrement;
  • C’est aussi potentiellement une période de l’année où on a accumulé beaucoup de fatigue, qui peut être augmentée par le manque de luminosité des journées plus courtes;
  • C’est possible également que ce soit la première période des fêtes sans la présence d’un être cher décédé ou dont on s’est séparé;
  • Peut-être vit-on une période difficile comme une maladie ou des conflits familiaux.

Pourtant, il y a comme une attente implicite des autres qu’on mette nos soucis de côté pour embrasser la douceur des cantiques et la traditionnelle joie des festivités.

La charge mentale des fêtes

Cette pression à aimer le temps des fêtes et à en faire un moment de réjouissance parfait vient avec la responsabilité d’une panoplie de choses à préparer et à considérer. La charge mentale qui en découle est souvent hallucinante, allant des décorations, à la nourriture, aux personnes invitées, aux cartes à envoyer, aux marque-places, aux achats, aux habits, à la résolution de conflits entre membres de la famille en prévision des rassemblements, etc. Ouf! Épuisant juste à y penser. On peut ne pas avoir ni l’énergie ni le désir de vouloir assumer le poids sur les épaules de toutes ces tâches et redouter le tout dès que les premiers signes des fêtes se pointent le bout du nez!

Nos souvenirs et traditions colorent notre vision des fêtes

Si les fêtes activent en nous de la joie, de l’amour, de la générosité et l’occasion d’être avec nos proches et de festoyer et que nos souvenirs sont davantage associés à du positif, du relationnel, du magique, alors on aura tendance à reproduire les traditions qui nous ont été transmises.

Par contre, si nos souvenirs en lien avec les fêtes sont plutôt négatifs – par exemple, de la déception, des conflits familiaux –, alors on aura plutôt tendance à voir négativement l’approche des fêtes, à voir les traditions comme de lourdes contraintes ou à carrément ne pas vouloir les reproduire.

Pour tenter de comprendre notre réaction envers l’approche des fêtes et pouvoir redéfinir cette période de façon plus satisfaisante, il peut être très aidant de se questionner.

  • Pourquoi je vis ce sentiment de ne pas aimer le temps des fêtes?
  • Qu’est-ce que cette période représente pour moi?
  • Quels souvenirs se réactivent en moi quand j’y pense?

Plus je comprends comment je me sens, plus je vais pouvoir me sentir libre de voir comment je veux vivre mon temps de fêtes aujourd’hui.

6 façons de se créer un temps des fêtes moins stressant

1. Me ramener à ce que je désire profondément

Plutôt que de suivre ce qui est attendu ou valorisé par mon entourage et la société, j’ai avantage à créer un temps des fêtes à mon image.

  • Comment ai-je envie de vivre le temps des fêtes cette année?
  • Qu’est-ce qui est le plus important pour moi? Me reposer? Voir telle et telle personnes? Visiter tel endroit? Offrir de mon temps à d’autres personnes?
  • Qu’est-ce qui n’est pas si important pour moi et dont je pourrais me passer cette année?

2. Me créer de nouvelles traditions plus cohérentes avec mes valeurs

Je peux puiser dans mes anciennes traditions familiales et prendre ce qui me correspond, ce que j’ai envie de renouveler cette année encore, et mettre de côté ce qui s’accorde moins à moi aujourd’hui. Par exemple, tenir à faire la fameuse recette de biscuits en pain d’épices en famille, mais ne pas relancer la pige de cadeaux avec les collègues de travail.

J’ai aussi avantage à essayer de nouvelles expériences qui tranchent avec mes traditions. Par exemple, je peux proposer:

  • que tout le monde s’offre un seul cadeau (voire pas de cadeau du tout!);
  • de passer les fêtes à l’extérieur de la ville;
  • de n’inviter que quelques personnes plutôt que de faire un très grand rassemblement;
  • de poser des gestes concrets pour aider des gens dans le besoin ou visiter des personnes vivant de l’isolement.

Accepter de souligner les fêtes autrement impliquera de faire le deuil des formules passées qui ne me nourrissent plus.

3. Alléger ma charge mentale liée aux préparatifs

J’ai le choix du niveau de charge mentale que je veux assumer et ce que je décide de gérer. Je peux décider de laisser tomber certaines tâches qui ne me nourrissent pas suffisamment ou encore de déléguer des préparatifs à d’autres. Par exemple:

  • Je choisis de ne pas envoyer de cartes de vœux;
  • Je refuse certaines invitations;
  • Je demande à chaque convive d’apporter un plat à partager.

4. Limiter les attentes que je me fixe moi-même

Tout commence par accepter que je n’ai pas à atteindre la perfection ni même à essayer de la viser! Donc, je n’ai pas à avoir la décoration la plus incroyable ni le repas le plus gastronomique qui soit. C’est parfois difficile à garder en tête lorsqu’on voit défiler des publications sur les réseaux sociaux allant des idées de décorations aux tenues vestimentaires, en passant par les suggestions d’achats, qui nous incitent bien malgré nous à nous comparer.

Est-ce que je peux en préparer moins cette année et que ce soit tout aussi satisfaisant? Par exemple, est-ce que je peux planifier un menu intéressant, mais plus restreint? Dois-je vraiment aller acheter une nappe différente de celle de l’année passée pour faire nouveau?

5. Prioriser certaines relations significatives

Ce n’est pas parce que j’ai quelques jours de congé que je suis dans l’obligation de planifier de multiples moments festifs avec plein de personnes différentes. Je pourrai rencontrer certaines d’entre elles à des moments ultérieurs, dans les semaines ou les mois à venir, donc il n’y a pas de presse à toutes les voir. Qui sont les proches que j’ai réellement envie de voir durant les fêtes cette année?

6. Transformer le temps qui m’est offert

Ce n’est pas non plus une obligation que ma période des fêtes en soit une de festivités en soi. Je peux aussi simplement prendre cette période comme un moment de congé, que ce soit pour:

  • me reposer afin de me recharger les batteries avant le début de la nouvelle année;
  • flâner en pyjama et écouter un film avec mes proches;
  • profiter de nombreuses activités hivernales;
  • amener mes petits-enfants patiner;
  • voyager.

Le temps est un précieux cadeau qui m’est offert. À moi de l’utiliser ou de le transformer comme j’en ai envie.

Alors à quoi ressemblera mon temps des fêtes cette année?

Plus on réfléchit à ce qu’on veut réellement vivre comme période des fêtes, plus on prendra des décisions cohérentes qui nous permettront de profiter de cette période au maximum! L’essence du temps des fêtes, c’est d’abord et avant tout le rassemblement et le plaisir de se réunir avec les proches.

Rappelons-nous qu’on a le droit de ne pas aimer les fêtes. Il faut se respecter, respecter comment on se sent et ne pas se mettre de pression. De la même façon, on laisse ceux et celles qui aiment cette période en profiter pleinement. À chaque personne son parcours, son temps des fêtes!


Merci à la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier pour la rédaction de cet article.

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