La colère est une émotion souvent mal aimée parce qu’on craint qu’elle soit destructrice. La colère n’est pourtant pas toujours l’émotion malsaine qu’on s’imagine. Elle est au cœur de l’expérience humaine et a de nombreuses vertus positives!

C’est quoi, la colère?

La colère permet de s’adapter aux épreuves de la vie! Elle nous permet de nous défendre quand une situation est injuste ou menace notre intégrité. Dans ces situations, la colère active le corps pour le préparer à réagir en libérant des hormones qui augmentent notre rythme cardiaque et notre pression artérielle. Ces réactions du corps nous donnent l’énergie pour faire face aux situations difficiles.

Une fois qu’elle est activée, qu’est-ce qu’on fait de cette charge de colère? Selon les personnes, elle peut être plus ou moins difficile à tolérer. On remarque 3 grands profils d’expression. Certaines personnes vont:

  • extérioriser la colère en l’expulsant hors de soi (ex.: critiquer, se chicaner, dévaloriser, poser des gestes hostiles);
  • inhiber la colère (ex.: la minimiser, ne pas la montrer);
  • l’affirmer (ex.: dire ce qui nous contrarie). À mi-chemin entre l’extériorisation et l’inhibition se trouve l’affirmation de soi!

Affirmer sa colère est bénéfique!

Reconnaître, comprendre et tolérer la colère qui monte permet à l’affirmation de soi de se manifester. L’affirmation de ce que je ressens, l’affirmation de ce que je n’accepte pas (ou de ce que je n’accepterai plus!), l’affirmation pour fixer mes limites et l’affirmation pour me faire respecter. La colère donne l’énergie et la détermination pour avoir cet élan d’affirmation.

La colère est un moteur de changement puissant. Elle motive notre désir de modifier la situation en recherchant des solutions. On peut davantage se mobiliser pour agir de façon constructive, trouver une façon adaptative de s’exprimer pour se faire entendre. La colère met en action et fait avancer!

6 façons d’apprivoiser sa colère

1. Verbaliser

  • Mettre en mots ce que je ressens pour essayer de mieux comprendre la colère qui monte.
  • Nommer, pour que la colère ne s’accumule pas. La colère qui s’accumule est plus difficile à tolérer et à contenir.
  • Comment est-ce que je sens la colère dans mon corps (ex.: tension dans le cou, mâchoire serrée)?
  • Écrire mon ressenti ou en parler avec mes proches ou auprès d’un professionnel ou d’une professionnelle de la santé psychologique.

2. Identifier les déclencheurs de ma colère

  • Qu’est-ce qui m’a fait réagir?
  • Est-ce que je ressens du rejet? moins d’autonomie? de l’impuissance? de la vulnérabilité? une impression de décevoir?
  • Est-ce que ce sont des déclencheurs qui activent souvent ma colère? Dans quels contextes? Avec qui en particulier?
  • En identifiant les déclencheurs de ma colère, je pourrai plus facilement les voir à l’œuvre la prochaine fois.

3. Identifier mes limites

  • Me questionner sur mes propres limites pour pouvoir les exprimer à l’autre. Où est ma limite? Qu’est-ce que je peux accepter? Qu’est-ce que je ne peux pas accepter? Où se trouve mon «Ça suffit!»?
  • Identifier mes limites me permet de baliser mes relations et d’éviter des débordements et des réactions plus explosives.

4. Créer un espace pour accueillir ma colère

  • Quand la colère monte, il peut être pertinent de se prendre un moment seul, pour s’apaiser. Par exemple, pendant un conflit, se retirer le temps d’aller faire une marche et de respirer avant de revenir poursuivre l’échange.
  • Cet espace est à distinguer de l’évitement. Le but n’est pas d’éviter la situation difficile, mais plutôt de prendre un temps de recul avant de réaborder avec l’autre ce qui nous frustre.

5. Tester des moyens d’exprimer ma colère

  • Identifier des moyens efficaces d’exprimer ma colère selon le contexte et la personne à qui je l’exprime (ex.: faire part de mon besoin à l’autre dans un moment de calme; discuter durant une promenade; le faire par écrit; planifier des moments «d’expression et de discussion» avec l’autre).
  • Apprendre dans quelles situations l’expression de ma colère est utile et quand elle ne l’est pas.
  • Mettre en application ces moyens, observer mes réactions et les réactions de l’autre, considérer les obstacles, ajuster mes stratégies au besoin.

6. Développer un regard bienveillant sur soi

  • Avoir le même regard bienveillant sur soi qu’on aurait envers un ou une proche qui serait en train d’apprivoiser une nouvelle situation: patience, écoute, indulgence, accueil de ses inquiétudes.
  • Prendre conscience que le travail d’affirmation de soi en lien avec l’expression de sa colère est un processus d’apprentissage, qui se fait un pas à la fois.
  • S’attendre à ce que, les premières fois qu’on tentera d’affirmer notre colère, ce sera maladroit. Accueillir les sentiments de culpabilité et de honte qui peuvent surgir à la suite de ces expressions maladroites.
  • Voir les moments d’expressions maladroites comme des occasions d’apprendre. Comment est-ce que je pourrais affirmer autrement ma colère les prochaines fois pour que ce soit mieux entendu?

 

La colère, c’est une émotion qui peut être utile et puissante si on sait la regarder, l’approcher peu à peu, la comprendre et la faire parler. Ne tentons surtout pas de nous en débarrasser. Essayons plutôt de nous en servir pour bénéficier de toutes ses richesses potentielles!


Merci à la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier pour la rédaction de cet article.

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