Histoire

Le journal de Chantal: le plan d’action

8 février 2021

Chantal Tellier

Chantal Tellier

Journaliste et rédactrice multiplateforme

Temps de lecture 5 minutes
Notre collaboratrice a décidé de changer ses habitudes de vie. Elle souhaite se remettre en forme en bougeant davantage, entre autres. Pour s’aider à passer de l’intention à l’action, elle a fait appel à un psychologue spécialisé en modification des habitudes de vie et à une kinésiologue. Elle nous racontera son cheminement tout au long de l’année. Ce mois-ci: comment se fixer des objectifs… réalistes!

Se fixer des objectifs

Le mois dernier, je vous ai parlé de mon envie de changer mes habitudes de vie et de l’importance de mettre en mots les raisons qui me motivent à vouloir davantage être en forme. J’ai donc écrit ma «vision». Que je lis encore chaque jour, oui, sous l’œil moqueur de mes chats.

Mais bon, c’est bien beau connaître les raisons qui font qu’on veut être en santé, se projeter dans l’avenir et se «voir» plus en forme, encore faut-il s’activer. Il était donc temps de me fixer des objectifs, de mettre sur papier mon plan d’action. Ça a l’air simple, comme ça, mais au départ, on ne sait pas trop quoi se fixer comme objectifs. Est-ce assez ou pas? Est-ce réaliste ou pas? Je suis du genre à me fixer des objectifs dignes de quelqu’un qui s’entraîne pour l’Ironman (façon de parler, hein) et à tout laisser tomber deux semaines plus tard. Alors que ce que je veux, ce n’est pas devenir une athlète, c’est me sentir mieux.

J’avais donc préparé une liste avant ma rencontre avec le psychologue Jean-François Villeneuve, qui m’accompagne dans cette aventure. Mes objectifs pour le mois de janvier:

  • 5 000 pas par jour
  • 8 verres d’eau par jour
  • Cohérence cardiaque 1 fois par jour
  • 1 ou 2 postures de yoga par jour
  • De 7 à 9 heures de sommeil par nuit

Ça m’apparaissait assez basique comme buts. J’avais renoncé aux 10 000 pas quotidiens comme cible de départ. J’avais décidé de commencer la cohérence cardiaque une seule fois par jour au lieu de trois. Du yoga? Ben oui, ça va me calmer! Huit verres d’eau par jour? Y a rien là, voyons! De sept à neuf heures de sommeil? C’est ce qui est recommandé pour les adultes, non? Bref, je trouvais que j’y allais graduellement.

L’importance d’un plan d’action

Jean-François a vite remis les pendules à l’heure, avec bienveillance. «C’est très bien comme liste, Chantal! Bravo!» (Il est vraiment sweet.) «Maintenant, pourrais-tu me préciser combien de fois par semaine tu veux atteindre tes objectifs?»

Hein? Pour moi, ces objectifs étaient à atteindre sept jours sur sept dès le départ. C’est la base, et tout le monde fait déjà ça – sauf moi –, me disais-je encore une fois en regardant Jean-François d’un air ébahi. Il m’a gentiment expliqué que j’en étais à l’étape de la mise en place d’un plan d’action. Réfléchir à mes objectifs, les mettre sur papier, en faire un suivi, procéder à des ajustements, tout ça prend du temps. Il fallait donc que j’y aille pro-gres-si-ve-ment. Une notion qui ne m’est pas familière, moi qui suis plutôt du genre à passer d’un extrême à l’autre: de 1 932 pas par jour à 10 000, de zéro activité à cinq séances de yoga et trois entraînements au gym par semaine… Mais force est d’avouer que cette méthode ne fonctionne pas, sinon je ne serais pas là, hein. J’ai donc revu mes objectifs avant de parler à Claudia Labrosse, ma kinésiologue. À chacun de trouver une combinaison réaliste. Pour moi, ça donnait ceci:

  • 5 000 pas par jour (5 fois par semaine)
  • 8 verres d’eau par jour (5 fois par semaine)
  • Cohérence cardiaque 1 fois par jour (3 fois par semaine)
  • 1 ou 2 postures de yoga (2 fois par semaine)
  • De 7 à 9 heures de sommeil par nuit (4 fois par semaine)

Rencontre avec la kinésiologue

Comme ça fait longtemps que je n’ai pas bougé régulièrement, je trouvais important de faire affaire avec une spécialiste du mouvement. Je ne voulais surtout pas me blesser par excès d’enthousiasme! (C’est mon genre.)

Claudia m’a d’abord demandé quelles activités physiques je pratiquais. Comment dire? Si trapper des chats errants – et les adopter – était considéré comme un sport, je monterais sur le podium, c’est sûr. Mais ce n’est pas le cas, paraît-il. Se lever de la causeuse pour aller au frigo et en revenir n’est pas non plus considéré comme un sport. C’est dommage, là aussi je me serais bien classée! Et nettoyer des litières (quatre, quand même), ça ne compte pas?

À ce moment-là, j’ai senti chez Claudia un certain effarement. On part de loin, semblait-elle se dire, la pauvre. Ou peut-être que je faisais juste de la projection. Parce qu’elle a été charmante et encourageante tout au long de notre entretien.

Elle m’a ensuite fait réaliser que j’avais aussi de bons coups à mon actif: je me suis déjà entraînée au gym régulièrement, j’ai aussi fait du yoga de façon assidue, j’ai déjà suivi des cours de danse… Mais c’était il y a longtemps. Très longtemps.

Évaluation de la condition physique

Ensuite, elle m’a posé des questions sur ma condition physique. Où as-tu mal? Qu’est-ce qui cause tes douleurs? Y a-t-il des déclencheurs? Y a-t-il quelque chose qui les apaise? Comme je souffre de fibromyalgie, j’ai à peu près mal partout tout le temps, seule l’intensité varie, et c’est comme si j’avais «accepté» cette condition. Résultat? Je suis tellement déconnectée de mon corps que je n’arrivais pas à répondre aux questions de Claudia! En creusant un peu avec elle, j’ai cependant découvert que le stress et l’anxiété jouaient un rôle dans l’intensité des douleurs. Et que j’avais tendance à me soigner à l’aide des potions du Dr SAQ. Certaines personnes ne jurent que par les jus verts; moi, c’est les jus rouges. C’est même indiqué Bio ou Nature sur les bouteilles que j’achète! Ça doit être bon, non? Non. L’exercice physique aura un meilleur effet pour détendre mes muscles ET mon cerveau, m’a patiemment expliqué Claudia.

J’ai ensuite fait un test physique: marcher le plus de kilomètres possible en 12 minutes. Avec mon 1,2 km, je ne suis manifestement pas prête pour un marathon… à moins qu’il ne dure un mois! Claudia s’est servie de ce test et de mes réponses pour déterminer mon endurance et savoir quel programme me concocter. Et à défaut de me trouver en forme, elle m’a trouvée drôle. On a relaxé nos zygomatiques (les muscles des joues) tellement on a rigolé. C’est toujours ça de moins comme tensions!

Des objectifs très concrets

Mon grand défi: apprendre à gérer la douleur. Quand j’ai dit à Claudia que je ne pouvais colorer mes cheveux moi-même parce que j’avais trop mal aux épaules et aux bras, elle m’a dit qu’on allait tout faire pour y remédier. J’ai aimé ça. C’est très concret comme objectif. Elle m’a dit aussi que je pourrais sans doute m’enduire entièrement le dos de crème hydratante dans quelque temps. Vous savez, ce petit spot auquel on n’a pas accès et qui démange toujours l’hiver parce qu’on ne l’atteint pas? Oui, celui-là! Eh bien, je l’aurai! Ça peut sembler bien banal comme objectifs. Pour moi, ce ne l’est pas. J’avais tenu pour acquis que ma condition resterait toujours comme ça, et de savoir que je peux y changer quelque chose, ça me motive au plus haut point. C’est mon Ironman à moi.

Elle m’a donc préparé un programme d’étirements à faire une fois par semaine en janvier, deux fois par semaine en février, trois fois par semaine en mars, etc., programme auquel on va tranquillement ajouter un échauffement, puis des exercices plus cardio.

Suivre ses progrès

Elle m’a suggéré de m’en tenir à deux objectifs pour janvier: marcher 5 000 pas par jour, 5 fois par semaine (ou 20 jours durant le mois) et faire mon programme d’étirements une fois par semaine. Je peux garder le reste en tête (boire huit verres d’eau par jour, faire de la cohérence cardiaque, du yoga, etc.), mais je dois me concentrer vraiment sur les deux premières choses pour ne pas m’éparpiller et me décourager.

Jean-François m’avait aussi parlé de l’importance d’installer une structure pour suivre mes activités. Je me suis procuré un calendrier de suivi des habitudes, j’ai sorti mes stylos de couleur et j’ai inscrit mes objectifs dessus. Chaque jour, je coche ce que j’ai accompli. Je fais le point une fois par semaine avec une amie pour voir ce qui marche bien et ce qui marche moins bien, et j’ajuste mes objectifs en conséquence.

Et vous savez quoi? C’est très libérateur de savoir qu’on peut se laisser du temps pour intégrer de nouvelles habitudes dans notre vie. Ça évite toute la partie culpabilisation, du genre: je n’y arrive pas, je suis nulle, ça ne marchera jamais, etc. Ça fait tellement de bien de juste se dire: je fais de mon mieux, et je persévère. Et comme disait Jean-François: «Si tu coches ne serait-ce qu’une chose sur ton calendrier, tu es déjà gagnante.» Et c’est vrai. Même mes chats sont d’accord.

J’ai hâte à la suite!


Merci à Jean-François Villeneuve, psychologue spécialisé en modification des habitudes de vie, et à Claudia Labrosse, kinésiologue agréée par la Fédération des kinésiologues du Québec, pour leurs précieux conseils.

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