Mythe 1: Les personnes grosses sont en mauvaise santé
«L’idée que la santé se résume à une question de poids est un mythe. On peut être en bonne ou mauvaise santé, quel que soit son poids», indique Andrée-Ann Dufour Bouchard.
La santé est un concept multidimensionnel qui ne se limite pas au poids. D’autres facteurs, comme les habitudes de vie (par exemple, l’alimentation, le niveau d’activité physique, la qualité du sommeil, le temps passé devant les écrans, le tabagisme, la consommation d’alcool et de drogues, la gestion du stress, etc.) et l’environnement social et économique, ont un impact plus important sur la santé. «Le poids n’est pas responsable de tous les problèmes de santé. Il y a des gens minces qui souffrent de diabète, de maladies cardiovasculaires, de cancers, etc.» souligne la nutritionniste.
«Les personnes grosses n’ont pas le monopole [pour ce qui est] de ne pas manger assez de fruits et de légumes ou de ne pas bouger suffisamment! ajoute-t-elle. Oui, le poids peut influencer la santé, mais comme on n’a pas le plein contrôle sur cet élément, on peut se concentrer sur d’autres aspects où on peut exercer un certain contrôle, comme nos habitudes de vie, dans une optique non pas de perte de poids, mais de bien-être et de santé à long terme.»
Mythe 2: Les personnes grosses ne rêvent que d’être minces
On entend souvent dire que les personnes grosses rêvent d’être minces. Or, cette généralisation n’est pas seulement fausse, elle est également réductrice. «Chaque individu a sa propre perception de la beauté et du bien-être. Malgré la pression culturelle et sociale omniprésente pour être mince, de nombreuses personnes grosses aiment ou acceptent leur corps tel qu’il est», rappelle Andrée-Ann Dufour Bouchard.
De plus, le rêve d’être mince n’est pas exclusif aux personnes grosses, rappelle Andrée-Ann Dufour Bouchard. Au Québec, 62 % des gens souhaitent maigrir, peu importe leur poids1. Des adultes de toutes les tailles, de toutes les origines et de toutes les formes peuvent souffrir d’une image corporelle négative et finir par adopter des comportements néfastes pour leur santé physique et psychologique dans l’espoir d’atteindre un certain idéal corporel. «Cela démontre bien qu’on ne devrait jamais présumer de la satisfaction ou de l’insatisfaction corporelle d’une personne en se basant uniquement sur son poids», fait remarquer Andrée-Ann Dufour Bouchard.
Tout le monde ne peut pas être pareil. Il faut reconnaître que la diversité corporelle existe. «Ce qui fait en sorte que les gens voudraient être minces, c’est beaucoup les préjugés», observe Andrée-Ann Dufour Bouchard. «Si ce n’était de la société qui me rappelle constamment que je suis grosse – sièges d’avion, de bus ou de théâtre trop petits, ceintures de sécurité qui ne s’adaptent pas correctement, vêtements à la mode plus difficiles à trouver dans les grandes tailles, discrimination à l’embauche, stigmatisation dans le système de santé, etc. –, je me soucierais beaucoup moins de mon poids», confirme Joanie Pietracupa.
Mythe 3: Les personnes grosses ont besoin qu’on leur dise de maigrir pour les aider
«Les commentaires non sollicités par rapport au poids, c’est insultant, lance Joanie Pietracupa. La stigmatisation n’aide personne. Même les commentaires qui se veulent bienveillants, du genre “je m’inquiète pour ta santé”, sont à éviter.»
«Ce mythe ignore la multitude de facteurs qui influencent le poids, dont plusieurs ne sont pas contrôlables ou modifiables. Le poids d’une personne est le résultat d’une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux. Il ne suffit pas de dire aux gens de manger moins et de bouger plus pour qu’ils maigrissent», explique Andrée-Ann Dufour Bouchard. Selon la nutritionniste et cheffe de projet, les décisions concernant le mode de vie et la santé d’une personne doivent être guidées, au besoin, par des professionnelles et professionnels de la santé, non pas par des stéréotypes nocifs.
«La majorité des personnes qui ont réussi à perdre du poids vont le reprendre et même plus dans les quelques années qui suivent. Ce n’est pas une question de volonté, mais plutôt une réaction de notre corps, qui va tout faire pour récupérer le poids perdu», précise-t-elle. C’est ici que l’acceptation corporelle prend tout son sens. «Si on apprend à respecter son corps, à apprécier tout ce qu’il nous permet d’accomplir et qu’on tente d’accorder moins d’importance à l’image qu’il projette, on va davantage vouloir en prendre soin», ajoute Joanie Pietracupa. C’est cette acceptation de soi qui encourage à adopter de saines habitudes de vie et, par le fait même, avoir une plus grande estime de soi, un niveau d’énergie plus élevé et une meilleure santé dans l’ensemble.
Mythe 4: Les personnes grosses sont paresseuses et mangent mal
Andrée-Ann Dufour souligne que l’obésité ne provient pas seulement d’un excès de calories ingérées ou d’un manque d’exercice, comme on pourrait le croire. «Encore une fois, il y a tout un tas d’autres choses qui pourraient contribuer à l’obésité. Cela pourrait être le manque de sommeil, le stress, l’usage de médicaments, la douleur chronique, la génétique. De nombreuses personnes en surpoids mangent de façon équilibrée et font régulièrement de l’exercice.»
La prise en compte de l’ensemble des facteurs influençant le poids pourrait permettre aux professionnels et professionnelles de la santé de mettre en place un plan personnalisé pour gérer les causes réelles de la prise de poids. Il est temps d’adopter une approche plus empathique et individualisée par rapport à l’obésité.
Pour une société inclusive et respectueuse
Les stéréotypes et les préjugés associés au poids ne sont pas sans conséquence. Ils peuvent mener à de la discrimination et à un sentiment d’isolement social chez les personnes concernées, sans oublier qu’ils peuvent aussi être à l’origine de troubles de santé mentale comme la dépression et l’anxiété.
«Chaque individu, peu importe son poids ou sa silhouette, a droit à la dignité et au respect. En nous engageant activement à promouvoir une image positive du corps et un mode de vie sain, on jette les bases d’une société plus inclusive et respectueuse pour tout le monde», conclut Andrée-Ann Dufour Bouchard.
* L’adjectif «grosses» est un qualificatif descriptif utilisé pour désigner la grosseur sans connotation péjorative.
Merci à Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projet chez ÉquiLibre, et à Joanie Pietracupa, journaliste, rédactrice et autrice, pour leur collaboration à cet article. Il a été réalisé à l’occasion de la toute première campagne de sensibilisation à la grossophobie. Pour en savoir plus, rendez-vous à equilibre.ca ou sur la page Facebook et le compte Instagram de l’organisme @groupeequilibre.