Entrevue avec Julie
Âge: 55 ans
Profession: chargée de projet de l’initiative PAUSE
Situation familiale: habite avec son conjoint et sa mère (proche aidante)
Description de la méthode des 4 PAS pour se déconnecter des écrans
C’est une approche qui cible 4 moments clés pour se déconnecter:
- PAS d’écrans le matin;
- PAS d’écrans durant les repas;
- PAS d’écrans avant de s’endormir;
- PAS d’écrans dans la chambre à coucher.
L’idée est de créer des moments sans écrans dans notre quotidien pour retrouver l’équilibre.
Même si je travaille en prévention pour une utilisation équilibrée des écrans depuis 2017, je ne suis pas forcément celle qui arrive à toujours respecter toutes les recommandations! Il y a une différence entre connaître les bonnes pratiques et les appliquer. Étant humaine et imparfaite, je voulais voir si la méthode des 4 PAS, élaborée par la psychologue Sabine Duflo, pouvait m’aider à prendre conscience de certaines choses et à améliorer mes habitudes.
J’avais déjà mis en place certaines stratégies dans le passé. Par exemple, je n’ai pas d’applications de médias sociaux sur mon téléphone, alors je dois me connecter à mon ordinateur pour y accéder. Mon téléphone est en mode Ne pas déranger de 21 h 30 à 8 h 30. J’avais aussi déjà désactivé la plupart des notifications sauf celles que j’appelle mes «applications de contacts» comme le téléphone et WhatsApp.
Mais malgré ces stratégies, certaines habitudes restaient à améliorer. Pour tester les 4 PAS, je me suis donné ces objectifs:
- Le matin: ouvrir mon téléphone pour consulter mes messages et les nouvelles seulement après ma routine matinale (exercices, méditation, lecture, etc.);
- Durant les repas: ne pas utiliser d’écrans lorsque je mange seule ou avec d’autres;
- En fin de soirée: laisser les écrans de côté au moins 30 minutes avant de me coucher et lire;
- Dans la chambre à coucher: placer mon téléphone loin du lit pour mieux résister à la tentation de le consulter.
Cela n’a pas toujours été facile. Je suis proche aidante pour ma mère atteinte d’Alzheimer, et une partie de la famille se trouve en France, avec six heures de décalage horaire. J’ai donc développé l’habitude de vérifier mes messages dès le réveil. Même si je veux juste mettre de la musique pour ma méditation matinale, voir ces points rouges de notification est une vraie tentation. Il faut que je me parle: «Julie, il n’y a rien d’urgent, ta mère est en sécurité avec toi, ça peut attendre.»
Je n’ai généralement aucun mal à mettre mon téléphone de côté quand je mange en groupe, mais j’ai réalisé que je l’utilisais parfois comme échappatoire face aux questions répétitives de ma mère liées à sa maladie. Cette prise de conscience, bien que désagréable, m’a encouragée à mettre de côté mon cellulaire lorsque je mange avec elle.
Le soir, c’était plus compliqué. Avant, quand je vivais seule avec mon conjoint, c’était plus facile d’arrêter les écrans au moins 30 minutes avant le coucher. Maintenant qu’on habite avec ma mère, ce moment du soir est devenu précieux pour notre couple; c’est parfois le seul instant où on peut regarder notre série préférée ensemble. Je sais que ça a un impact sur la qualité de mon sommeil. J’essaie donc de trouver un équilibre, notamment en respectant cette règle plus assidûment les fins de semaine.
Je branche mon téléphone avec un microfil sous ma table de nuit, ce qui le rend moins accessible. J’ai aussi désactivé les notifications de mes courriels professionnels et personnels sur mon téléphone pour éviter de travailler ou de répondre à des courriels en soirée. Et pendant la journée, je regarde mon cellulaire et mes courriels à heures fixes. Je me donne donc la permission de répondre plus tard aux messages.
J’ai senti que j’étais plus dans le moment présent et aussi que je reprenais le contrôle de certaines mauvaises habitudes que j’avais développées. C’est fou comme les écrans peuvent prendre de la place sans qu’on s’en rende réellement compte! Ça fait tellement du bien de se choisir.
Je savais déjà que ce n’était pas qu’une simple question de volonté personnelle. Mais contrairement à certaines autres dépendances où il faut faire l’effort d’aller chercher le produit, les écrans, particulièrement notre téléphone, sont toujours là, à portée de main. Ils nous servent pour tellement de choses au quotidien qu’il est particulièrement difficile de s’en détacher. De plus, tout est fait pour que l’on se connecte souvent et longtemps. Ce qui est important, c’est de prendre conscience de nos automatismes et de comprendre pourquoi on utilise les écrans d’une certaine façon.
En ce sens, j’ai trouvé que la méthode des 4 PAS peut être une méthode intéressante pour mieux comprendre certaines de nos habitudes numériques et nous aider à les améliorer afin que notre usage des écrans contribue à notre bien-être.
Je compte continuer à respecter l’engagement que j’ai pris et de ne pas regarder les écrans quand je mange avec ma mère et aussi d’attendre avant de regarder mon cellulaire le matin. Mais j’ai aussi décidé d’aller plus loin et de masquer mon «statut en ligne» pour m’aider encore plus à avoir des connexions volontaires et non par automatisme. Comme toutes habitudes de vie, c’est un processus!
Il n’y a pas de recette miracle, mais voici quelques suggestions:
- Commencer par identifier des moments où on se connecte aux écrans de façon plus automatique, par habitude.
- Choisir 1 ou 2 stratégies simples à mettre en place.
- Adapter les règles à sa réalité quotidienne.
- Parler de sa démarche avec ses proches.
- Se laisser le temps d’apprivoiser le changement.
Ça m’interpelle! J’aimerais savoir comment…
… utiliser les écrans par intention plutôt que par habitude.