Qu’est-ce que c’est, l’incivilité?
L’incivilité résulte du manque de considération envers les autres. Elle englobe des paroles, des gestes ou des comportements contraires aux normes de respect et de politesse dans la société. Et c’est un phénomène qui est en hausse. Entre 2004 et 2014, la CNESST a reçu 23 000 plaintes, parmi lesquelles 82 % concernaient des conflits ou de l’incivilité. Dans nos interactions en ligne, l’incivilité a augmenté de 18 % à 29 % entre 2016 et 2020.
Comment peut-on savoir si on fait preuve d’incivilité?
C’est important de réfléchir aux conséquences de nos paroles et de nos actions. On peut se demander si nos mots et nos comportements pourraient créer de l’inconfort, être perçus comme irrespectueux ou blessants.
- Si ces gestes ou ces propos me visaient, est-ce que ça me blesserait?
- Si ce n’est pas le cas, est-ce que mon frère, ma mère, mon ami, ma collègue le seraient?
Il faut en effet se rappeler que l’incivilité n’est pas la même pour tout le monde. Tout dépend de notre perception et de nos références. Pour certaines personnes, parler au téléphone à voix haute en public ou arriver en retard à une réunion de travail est tout à fait normal, alors que, pour d’autres, ce genre de comportement est vécu comme un manque de respect.
Avez-vous personnellement déjà fait preuve d’incivilité?
Oui, je reconnais avoir déjà eu des moments d’incivilité, souvent sans en être pleinement consciente et surtout dans des moments de stress. Ça m’a amenée à une réflexion sur mes propres comportements et sur le côté parfois insidieux de l’incivilité. Ça peut être aussi simple que rouler des yeux ou soupirer quand quelqu’un nous parle…
Quels sont les effets de l’incivilité sur les gens?
Les effets sur la santé mentale sont variés et bien réels.
- L’incivilité peut être vécue comme une microagression et augmenter notre niveau de stress.
- Elle peut aussi mener à un désengagement social et professionnel, à la méfiance, à un sentiment d’impuissance et à la démotivation.
- Quand on fait face à de l’incivilité, on peut aussi remettre en question notre valeur, on peut s’isoler et avoir tendance à retourner dans notre tête les mêmes pensées négatives associées au conflit, ce qui pourrait même nuire à notre sommeil.
Avez-vous des astuces pour réduire l’incivilité?
Je dirais tout d’abord qu’il faut cesser de banaliser les effets de l’incivilité. Ils sont nombreux et bien réels. L’incivilité peut mener au harcèlement si elle n’est pas prise en charge rapidement. On doit donc agir et surtout ne pas éviter ou nier le problème.
Réduire l’incivilité: une responsabilité partagée
Réduire l’incivilité concerne tout le monde. Comme société, on peut remettre en priorité le bien-être collectif en utilisant davantage de bienveillance dans nos relations, en faisant la promotion d’une culture de respect et des relations harmonieuses. Les gestionnaires ont aussi un rôle d’exemplarité à jouer à cet égard.
Et individuellement?
Comme individu, on peut tout autant être victime de l’incivilité que, sans le vouloir parfois, la perpétuer. Pour y mettre un frein ou s’en protéger, on peut s’assurer d’avoir les bons outils, comme une bonne intelligence émotionnelle.
- On peut prendre conscience régulièrement de nos émotions et de notre capacité à les réguler.
- On peut retrouver notre vitalité en prenant des pauses régulièrement, en s’entourant de personnes positives, en faisant de l’activité physique, en dormant, en pratiquant la pleine conscience.
- On peut aussi prendre conscience de la réalité des autres en faisant preuve d’empathie, en essayant de nous mettre à leur place et de comprendre aussi leur point de vue.
Que faire si on est victime d’incivilité?
Je dirais qu’il faut AGIR, ne pas attendre que ça se règle tout seul. Voici 5 façons d’agir qui peuvent nous aider.
- Si on en a l’énergie et les capacités, on peut rencontrer la personne en question afin de nommer et confirmer notre perception de ce qui était heurtant.
- On peut nommer clairement notre besoin de respect afin de maintenir une relation harmonieuse qui sera bénéfique pour les deux.
- On peut écouter le point de vue de l’autre.
- On peut trouver une solution mutuellement satisfaisante et s’engager à la respecter.
- Si cela ne fonctionne pas, ne pas hésiter à aller chercher du soutien à l’extérieur (membres de la famille, proches, collègues, etc.).
Merci à Marie Christine Larocque, psychologue, pour sa collaboration à cet article.