Et si, pour améliorer notre bien-être et réduire notre stress quotidien, on pratiquait l’art de ne rien faire? Plus facile à dire qu’à faire? On s’entretient à ce sujet avec Renée Ouimet, directrice de Mouvement Santé mentale Québec.
Q
C’est quoi, ne rien faire?
R

Souvent, on va dire: je n’ai rien fait aujourd’hui. Mais on a fait du ménage, on est allé faire une marche, on a regardé une série. Ce qu’on veut dire, c’est qu’on n’a rien fait qui était exigé ou attendu. On a fait des choses qui nous ont fait plaisir, qui nous ont fait du bien. Mais c’est très rare qu’on passe 10 ou 15 minutes dans une journée à réellement ne rien faire: ne pas écouter de musique, ne pas lire, ne pas être branché sur Internet, ne pas répondre à nos enfants. Pour moi, ne rien faire, c’est m’installer sur mon patio et regarder la rivière, m’étendre sur le sofa ou sur mon lit pour rêvasser, laisser le cellulaire de côté dans les transports en commun et observer les gens, faire une pause l’après-midi pour boire un thé et manger un morceau de chocolat, m’asseoir sur un banc dans le parc pour profiter du soleil.

Q
Quels en sont les bienfaits et les avantages?
R

J’en ressens les bienfaits dans mon corps et ma tête. J’ai l’impression que tout est plus ample, j’apprécie davantage ce qu’il y a autour de moi, ma respiration est plus profonde, mes pensées sont moins présentes. Je suis plus calme, plus détendue, plus accueillante. Le fait d’être capable de vivre le plus possible dans le moment présent aide aussi à calmer l’anxiété.

Q
Pourquoi a-t-on tellement de difficulté à ne rien faire?
R

On vit dans une société d’optimisation et de performance, qui valorise les gens qui réussissent à faire mille et une choses dans une journée. On est habitué à toujours se dépêcher. Alors, lorsqu’elles ralentissent, certaines personnes peuvent avoir l’impression de faire du surplace. C’est comme en voiture, quand on a l’habitude de rouler à 120 km/h, c’est difficile de rouler à 100 km/h. On a la sensation de ne plus avancer. Imaginez quand on met le moteur au neutre! Mais il faut bien s’arrêter à un certain moment si on veut recharger nos batteries.

Q
Comment ne rien faire sans éprouver de culpabilité?
R

Un de mes professeurs à l’université disait que la culpabilité, c’est quelque chose de très nocif pour l’âme. Ne pas se sentir coupable, ça se cultive et ça s’apprend. J’avais une amie qui était capable de dire à ses enfants de ne pas la déranger pendant qu’elle prenait 10 minutes dans sa chambre pour ne rien faire. Elle n’éprouvait aucune culpabilité parce que, quand elle était de retour avec ses enfants, elle était pleinement présente pour eux. Ne rien faire, ça permet de se rendre plus disponible à soi et aux autres.

Q
Par où commencer? Comment on s’y prend?
R

On commence par quelque chose qui nous fait plaisir, ce qui nous fait du bien à nous-même. Ça peut être aussi simple que de laisser son cellulaire chez soi quand on va faire une marche. Une bonne façon d’intégrer l’art de ne rien faire dans sa vie, c’est de penser dès le réveil à comment on va passer ce moment à ne rien faire. Prendre le temps de savourer son café matinal? S’asseoir à l’ombre d’un arbre dans un parc durant sa pause? S’étendre 10 minutes dans son lit après sa journée de travail? Prendre un long bain chaud en soirée? À chacun de voir ce qui lui convient. L’important, c’est de commencer quelque part, sans se mettre de pression.

Merci à Renée Ouimet du Mouvement Santé mentale Québec pour sa collaboration à cet article.

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