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L’écoanxiété: entre acceptation et bienveillance

11 avril 2023

Unpointcinq

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Le média de l’action climatique au Québec

Temps de lecture 3 minutes
Le terme «écoanxiété» est maintenant sur toutes les lèvres. Inconnu ou presque il y a 10 ans, ce type d’anxiété s’est développé au même rythme que les changements climatiques. Si ce mal peut toucher tout le monde, il n’est heureusement pas insurmontable: plusieurs pistes de solution existent pour l’apprivoiser.

Qu’est-ce que l’écoanxiété?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de définir l’écoanxiété. Au sens large, ce terme désigne la peur intense des effets des perturbations climatiques sur le bien-être humain. L’écoanxiété fait partie d’une série d’écoémotions, c’est-à-dire d’émotions liées à nos préoccupations envers l’environnement, comme le sentiment de culpabilité envers la dégradation de la nature, la colère, la tristesse ainsi que d’autres sentiments plus positifs qui peuvent être éprouvés simultanément tels que la curiosité, la compassion, le courage et l’audace.

Les mauvaises nouvelles climatiques s’accumulent, les prévisions pour l’avenir sont dramatiques, le cynisme envers la classe politique s’accroît: l’écoanxiété est de plus en plus difficile à éviter pour une grande partie d’entre nous.

Nous y reviendrons, mais l’écoanxiété n’est pas nécessairement à 100 % négative. Elle peut aussi être un moteur de changement.

Comment reconnaître l’écoanxiété?

Les personnes qui ressentent de l’écoanxiété peuvent observer des effets néfastes sur leur santé tels que le stress, la fatigue et l’insomnie. L’écoanxiété peut aussi entraîner chez elles du déni et nuire au passage à l’action. Toutefois, chez d’autres, elle poussera au contraire à agir pour soulager certains symptômes. Par exemple, si je m’inquiète pour l’avenir de la planète, poser des gestes écoresponsables peut me faire du bien. Ainsi, l’écoanxiété peut être à la fois paralysante et mobilisatrice, selon le contexte, les émotions du moment et la personnalité de l’individu.

Le flux d’informations climatiques souvent complexes, parfois mélangé à de la désinformation, peut créer un cocktail anxiogène.

Bien que toutes les tranches d’âge puissent être touchées, les enfants et les ados, du fait qu’ils et elles sont en plein développement psychologique, sont particulièrement susceptibles de vivre de l’écoanxiété. La détresse liée à l’écoanxiété est encore plus grande chez les personnes vulnérables psychologiquement.

Selon un sondage mené auprès des 12 à 18 ans1, 90 % des jeunes disent que les changements climatiques leur causent des préoccupations. Parmi ces jeunes, 15 % le sont au point de vivre de l’écoanxiété souvent, voire tous les jours. Un sentiment d’impuissance accompagne la plupart du temps l’écoanxiété chez les jeunes.

Dans ce contexte, les parents peuvent avoir un rôle déterminant à jouer face à l’écoanxiété qui touche leurs enfants et leurs ados.

4 pistes de solution pour apprivoiser l’écoanxiété

Mettons une chose au clair tout de suite: il n’existe pas de solution miracle pour faire disparaître l’écoanxiété. Il existe néanmoins plusieurs pistes de solution pour la réduire et apprendre à vivre avec elle.

  1. Chercher des sources d’information fiables en ce qui concerne les changements climatiques, et les solutions spécifiques à y apporter. Les parents peuvent être d’une grande aide pour leurs enfants dans la recherche de sources fiables et scientifiques. Attention aux réseaux sociaux, qui peuvent être un grand vecteur de désinformation!
  2. S’engager dans des actions qui reflètent nos préoccupations environnementales. Passer à l’action, de manière concrète, peut réduire l’anxiété en renforçant notre sentiment d’efficacité personnelle et de contrôle sur la menace. Une bonne manière de combattre le sentiment d’impuissance. Les parents peuvent montrer l’exemple en adoptant pour leur part des gestes afin de réduire leur empreinte climatique, tels que limiter leur utilisation de l’auto en solo ou encore réduire leur consommation de viande rouge et de produits laitiers.
  3. Pratiquer la bienveillance envers soi-même. Cela aide à prendre du recul, à ne pas se laisser envahir par des pensées négatives et favorise une action plus posée et plus efficace. Les pratiques de pleine conscience ou de relaxation peuvent aussi se révéler utiles. Cela passe aussi par de l’auto-indulgence: inutile de chercher la perfection, car elle n’existe pas; on pose des gestes à la hauteur de ce que l’on peut faire, et cela peut varier d’une journée à l’autre.
  4. Garder contact avec la nature et le monde du vivant afin d’en célébrer la beauté, de cultiver notre reconnaissance. Les parents peuvent jouer un rôle clé dans la façon dont leurs enfants perçoivent et interagissent avec la nature qui les entoure.

Comme le rappelle Karine St-Jean, psychologue et autrice du livre Apprivoiser l’écoanxiété et faire de ses écoémotions un moteur de changement, il est important de comprendre que l’écoanxiété est un mélange d’émotions qu’il est tout à fait normal de ressentir. Cette anxiété est, pour plusieurs, à condition de la gérer, une force et non une faiblesse.

Ainsi, il n’est pas nécessaire de tenter d’éliminer complètement l’écoanxiété, car elle peut également servir de moteur pour passer à l’action. Comme pour plusieurs aspects de la vie, la clé passe par la recherche d’un équilibre.


Merci à l’équipe éditoriale d’Unpointcinq, le média de l’action climatique au Québec, pour la rédaction de cet article.


1. Sondage de la Fondation Monique-Fitz-Back mené dans la campagne Sors de ta bulle à l’automne 2021 auprès de 1 100 jeunes de 12 à 18 ans au Québec.
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