L’idée des cuisines collectives est née en 1982 dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Deux sœurs, Jacynthe et Sylvie Ouellette, décident de mettre leur temps et leur argent en commun pour planifier et cuisiner des plats sains et nutritifs pour leurs familles respectives. Très vite, une voisine se joint à elles.
L’initiative est repérée par un organisme local, qui demande à Jacynthe, qui en est l’instigatrice, de raconter son expérience à d’autres femmes du quartier. D’autres cuisines collectives démarrent alors, et le concept fait boule de neige dans toute la province du Québec.
Au cours de la dernière année, les cuisines collectives comptaient:
- 1 204 membres;
- 7 136 personnes participantes;
- 10 533 personnes nourries;
- 921 841 portions cuisinées.
Pas mal pour une initiative qui a démarré dans une petite cuisine familiale! Et le Regroupement est entre bonnes mains avec Jocelyne Gamache, en poste depuis 2019. Comme elle le dit elle-même, elle adore cuisiner, et travailler à aider les gens à manger dans la dignité est un véritable bonheur pour elle.
Une cuisine collective, c’est un groupe de 4 à 6 personnes qui décident de cuisiner ensemble et qui se tournent vers un organisme communautaire ou le Regroupement des cuisines collectives du Québec pour obtenir de l’aide dans le démarrage de leur projet, soit du soutien par le biais d’une animatrice qui les accompagnera au début, par exemple, et l’équipement nécessaire.
Les personnes qui participent à une cuisine collective se réunissent de 1 à 4 fois par mois, selon ce qui est décidé par le groupe. Ces rencontres servent entre autres à choisir et à planifier les plats, selon les goûts de chaque personne. On planifiera en général deux entrées, deux plats principaux et deux desserts, en regardant les rabais dans les circulaires.
La rencontre suivante sert à se déplacer à l’épicerie, souvent en groupe de deux, pour faire les achats. Les personnes qui participent vont ensuite payer chacune leur part aux responsables des achats.
Vient ensuite la rencontre pour préparer les plats. Elle peut se faire à la maison d’une des personnes participantes, mais le plus souvent elle aura lieu dans les locaux d’un organisme communautaire.
La dernière étape consiste à évaluer les plats préparés, à vérifier si le processus s’est bien passé et à apporter les ajustements, si nécessaire, pour la prochaine fois.
Quand les sœurs Ouellette ont mis sur pied leur cuisine collective, c’était dans le but d’épargner de l’argent et du temps. Ces raisons sont toujours valables, surtout en considérant le prix des aliments qui monte en flèche. Quand on peut repartir, à la fin d’une séance de cuisine, avec une vingtaine de portions qui nous ont coûté entre 2 $ et 4 $ chacune, ça vaut le coût!
Mais les cuisines collectives, c’est aussi une façon de contrer l’isolement. Ça favorise l’intégration des gens dans la communauté, ça permet les échanges transgénérationnels et transculturels. Par exemple, une cuisine collective peut décider un mois de cuisiner uniquement des plats mexicains, haïtiens ou marocains. On apprend ainsi de nouvelles recettes et on découvre d’autres cultures.
Il y a aussi une transmission du savoir qui s’effectue dans les cuisines collectives. On sait que les gens cuisinent peu en général, alors c’est un art qui se perd. Les personnes plus âgées dans les cuisines collectives sont heureuses de transmettre leur savoir et leurs histoires. C’est valorisant pour elles et intéressant pour les autres.
Ce peut aussi être une façon de manger plus sainement, en intégrant plus de légumes dans ses plats, en remplaçant les protéines animales par d’autres sources de protéines dans certaines recettes, choses qu’on ne ferait peut-être pas si on cuisinait juste pour soi!
Les cuisines collectives servent aussi à créer un réseau d’entraide. Quand on se rencontre mensuellement, ça crée forcément des liens. On se fait des amis dans son quartier, et ça, c’est précieux!
Oui! Il existe des préjugés voulant que les cuisines collectives soient pour les personnes âgées ou les pauvres. Pas du tout! Ça s’adresse autant à des jeunes aux études, à des familles, à des célibataires qu’à des couples…
Et pas nécessaire d’être bon ou bonne en cuisine! Une des missions des cuisines collectives est justement de rendre les gens plus autonomes. On trouvera toujours quelqu’un qui pourra nous apprendre à couper des légumes ou à préparer des sauces ou comment rôtir un poulet. Et c’est là que la magie opère! La personne qui fait part de son savoir se sent valorisée, et la personne qui apprend voit son estime personnelle augmenter. Tout le monde en sort gagnant!
On peut regarder sur le site du Regroupement des cuisines collectives du Québec pour trouver une cuisine collective dans son quartier. Il est aussi possible de démarrer un projet de cuisine collective. Il existe une formation à cet effet pour ceux et celles qui ont envie de s’impliquer et de faire vivre ce fabuleux projet.
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Merci à Jocelyne Gamache, coordonnatrice générale au Regroupement des cuisines collectives du Québec, pour sa collaboration à cet article.