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6 astuces pour diminuer le stress alimentaire

9 janvier 2024

Stéphanie Côté

Nutritionniste, auteure, conférencière et chroniqueuse

Temps de lecture 4 minutes
6 astuces pour diminuer le stress alimentaire
Manger santé ne semble plus être une simple tendance, mais bien une norme sociale. C’est bien de prendre soin de sa santé, mais quand ça devient trop stressant, c’est la santé mentale qui écope. Voici des conseils pour moins subir ce stress et retrouver un peu de zénitude alimentaire.



Alimentation sous pression: d’où vient le stress alimentaire?

Chaque jour, sans même vous en rendre compte, vous vous posez des dizaines de questions en lien avec l’alimentation. Du classique «Qu’est-ce qu’on mange pour souper?» à «Est-ce qu’on a tout ce qu’il faut à la maison?», en passant par les choix d’aliments que vous faites pour votre santé, la planète et peut-être aussi votre silhouette.

À la longue, ces questions deviennent des préoccupations qui alourdissent votre charge mentale. Elles contribuent à votre stress alimentaire. Un stress fortement répandu à cause notamment de deux facteurs: les normes sociales et la cacophonie alimentaire.

Les normes sociales

Elles créent et alimentent des exigences à l’égard de l’alimentation. À les écouter, il faudrait tout cuisiner vous-même, manger varié, inclure tous les groupes d’aliments à chaque repas, choisir local, faire des lunchs zéro déchet, acheter bio, préparer de belles assiettes, alouette. Merci aux médias sociaux qui vous montrent continuellement des gens qui réussissent (#sarcasme). La pression est bien plus grande qu’avant l’ère Instagram, Facebook, TikTok et Pinterest.

La cacophonie alimentaire

Cette cacophonie, c’est le «bruit» de l’information et de la désinformation en nutrition qui va dans toutes les directions. Vous entendez ou lisez tout et son contraire. Les nouvelles études dont les médias parlent avec sensationnalisme, les conseils des pseudo-spécialistes, les modes, les influenceurs et influenceuses et tous les «on dit que» vous étourdissent. Avec raison.

Plus de zénitude à l’heure des repas

C’est bien de prendre soin de votre santé physique et de celle de la planète. C’est encore mieux de le faire sans compromettre votre santé mentale, cela dit. Voici des trucs pour y arriver.

1. Permettez-vous de trouver ça difficile

Cuisiner est un passe-temps que de nombreuses personnes apprécient. C’est super. Mais planifier les menus, consulter les circulaires, faire les achats, cuisiner au quotidien, faire les lunchs… ce sont des tâches que vous n’avez pas l’obligation d’aimer chaque fois que vous les faites! Tant mieux si vous les accomplissez dans la bonne humeur, mais vous avez aussi le droit parfois de trouver ça difficile à assumer. Accueillez cette émotion sans vous sentir coupable.

2. Dissociez votre valeur de vos actions

Vous connaissez le proverbe «On est ce que l’on mange»? Eh bien, prenez-le avec des pincettes! Bien sûr que votre alimentation influence votre santé, mais elle ne dit pas QUI vous êtes. Vous n’avez pas besoin de manger bio, de cuisiner 100 % de vos repas et d’abandonner les sacs à collation en plastique pour être une bonne personne ou un bon parent.

3. Sélectionnez vos sources d’informations

En nutrition, faites confiance aux nutritionnistes, qui ont une formation universitaire dans ce domaine. Méfiez-vous des gens qui basent leurs conseils sur leur vécu plutôt que sur la science. Ce n’est pas parce qu’on mange 3 fois par jour qu’on devient spécialiste en nutrition! Les témoignages ne sont pas des vérités universelles. Éloignez-vous de ce qui est radical et culpabilisant, du sensationnalisme et des «règles» à suivre. Les meilleures ressources vous prodiguent des conseils, des astuces et des informations avec des nuances et dans la bienveillance.

4. Gardez les médias sociaux qui vous font du bien

Faites le ménage parmi les comptes Facebook, Instagram, TikTok, Pinterest (et autres) que vous suivez. Y a-t-il des influenceurs et influenceuses ou des «pros de ceci ou cela» qui vous amènent à vous comparer, voire à vous dénigrer? Ressentez-vous des complexes de performance par rapport à d’autres? Pensez-vous souvent «Mais pourquoi je n’y arrive pas, moi?» en voyant ce que ces personnes accomplissent? Vous gagneriez à vous désabonner de ces comptes. Privilégiez les personnes qui vous aident, vous renseignent, vous inspirent et vous rassurent.

5. Faites place à la simplicité

Bien manger n’a pas besoin d’être compliqué. Au contraire, manger varié et équilibré peut se faire en toute simplicité. Une omelette avec une salade, un potage avec un grilled-cheese, un sauté de tofu ou poulet fait avec des légumes surgelés… Les idées de repas simples et rapides abondent. C’est même correct de manger un bol de céréales ou des toasts pour souper à l’occasion. Personne n’a besoin d’un repas «instagrammable» pour bien se nourrir!

Il est normal de vous laisser impressionner par les belles photos de bouffe et les recettes «de semaine» tout droit sorties des magazines. Sauf qu’elles ne sont pas toujours réalistes. Ou du moins, elles ne conviennent pas toujours à la «vraie vie». Vos horaires de travail, les activités des membres de la famille, les multiples tâches à accomplir et les diverses préoccupations que vous avez ont un rôle à jouer sur l’énergie et le temps que vous avez pour cuisiner et l’envie de vous y mettre.

6. Ne visez pas 100 %

Viser la perfection est stressant inutilement. De la même façon que vous n’exigez pas que vos enfants obtiennent 100 % à chaque examen, accordez-vous aussi cette flexibilité. La qualité de votre alimentation s’évalue au fil des jours, et même des semaines. Un repas ou un aliment X que vous mangez ne représente pas le portrait global.

La recherche absolue de la perfection peut cacher un trouble alimentaire appelé orthorexie («droiture» alimentaire). C’est le désir ou le besoin de consommer uniquement des aliments de grande qualité en évitant des aliments salés, gras, trop sucrés, raffinés, contenant des additifs, etc. Ça amène les personnes qui en souffrent à craindre les aliments, à fuir les repas préparés par d’autres et à penser continuellement à ce qu’elles «peuvent» ou non manger. Consultez un ou une nutritionniste si vous vous reconnaissez ou si vous souhaitez aider un ou une proche.

Place à la bienveillance!

Faites preuve d’indulgence et de gentillesse envers vous comme vous le feriez pour un ami ou une amie. Aussi, rappelez-vous que le moment du repas a son importance en soi, peu importe ce qu’il y a au menu. Il peut être l’occasion de passer du bon temps avec vos proches ou de prendre du temps pour vous.

Envie d’en savoir plus sur le stress alimentaire?

Marie-Christine Proulx en discute avec la nutritionniste Stéphanie Côté.

Écoutez l’épisode de balado


Merci à Stéphanie Côté, nutritionniste, pour la rédaction de cet article.

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