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Dates de péremption: moins de gaspillage, plus d’économies

12 novembre 2024

Hubert Cormier

Docteur en nutrition

Temps de lecture 5 minutes
«Date de péremption et date “meilleur avant”: est-ce la même chose?» «Si la date “meilleur avant” est dépassée, est-ce que je dois jeter l’aliment?» «J’ai préparé un repas il y a 5 jours. Est-il encore bon?» «Si ça sent bon, est-ce que je peux le manger?» Ce sont des questions qu’on se pose souvent. Mais comment y répondre? Hubert Cormier, docteur en nutrition, nous aide à y voir plus clair.

Dans un monde où le gaspillage alimentaire est une préoccupation croissante, comprendre les dates de péremption est essentiel. Ça permet non seulement de réduire le gaspillage, mais aussi de réaliser de belles économies. Voici quelques pistes de réponse à garder en tête pour consommer en toute sécurité certains aliments, et ce, même après leur date de péremption.

Que sont les dates de péremption?

Les dates de péremption (ou dates «meilleur avant»; c’est la même chose!) suscitent souvent des questions et des inquiétudes par rapport à de possibles effets néfastes sur la santé bien souvent liées au risque plus élevé de toxi-infections alimentaires. Mais avant de poursuivre, on doit bien comprendre d’où provient le concept derrière les dates de péremption. Car s’il est mal compris, il peut nous amener à jeter ou à composter des aliments qui pourraient encore être mangés ou transformés.

Date de péremption et teneur en eau d’un aliment

Les dates de péremption sont déterminées par les fabricants pour garantir la qualité optimale des aliments. Elles sont souvent basées sur la teneur en eau des produits, ce qui influence leur durée de conservation. Plus un aliment a une teneur élevée en eau, plus il est susceptible de se dégrader rapidement en raison de la présence de micro-organismes. En effet, les bactéries, les levures ou les moisissures ont besoin d’eau pour se développer et se multiplier. De plus, l’eau facilite de nombreuses réactions chimiques dans les aliments, dont l’hydrolyse. Il s’agit de la décomposition de certains composés par l’eau, ce qui altère la texture des aliments en les rendant mous, flétris ou peu appétissants.

L’eau peut également favoriser l’oxydation des matières grasses d’un aliment, ce qui donne un goût rance à certains produits. Le beurre en est un bon exemple. Le processus de rancissement se produit beaucoup plus rapidement si le beurre est laissé à la température ambiante, est exposé à l’air et à la lumière que s’il est placé au réfrigérateur ou dans un beurrier breton.

Le beurrier breton est un récipient composé d’une base remplie d’eau et d’un couvercle dans lequel on place le beurre. L’eau crée un joint hermétique qui empêche l’air d’entrer en contact avec le beurre et d’altérer le produit.

Date de péremption dépassée = danger?

Toutefois, cette date de péremption dépassée ne signifie pas toujours que l’aliment n’est plus consommable ou présente un danger pour la santé. La date de péremption indique plutôt jusqu’à quand le fabricant garantit que son produit est au meilleur de sa qualité, c’est-à-dire que sa couleur, sa texture, son odeur, son goût ainsi que ses valeurs nutritionnelles sont optimaux. Généralement, à moins d’une détérioration évidente, la majorité des aliments peuvent être consommés après la date de péremption, même si l’expérience sera peut-être moins agréable.

Personnes à risque d’intoxication alimentaire: attention!

Attention! Il ne faut pas se fier uniquement à ces caractéristiques dites «sensorielles» (couleur, texture, odeur, goût) pour évaluer la salubrité d’un aliment périmé. Il est important de faire preuve de prudence et de jugement et de connaître les risques. C’est particulièrement important chez les populations plus vulnérables comme les personnes âgées, les jeunes enfants, les femmes enceintes ou qui allaitent et les personnes immunosupprimées. La raison étant que leur système immunitaire n’est peut-être pas aussi efficace pour combattre les toxi-infections alimentaires.

Catégories d’aliments selon leur risque pour la santé

On peut catégoriser les aliments selon leur risque relatif pour la santé en fonction de leur date de péremption.

Aliments à jeter après la date limite

  • Les produits de charcuteries, tels que le jambon, les rillettes, les pâtés, doivent être consommés rapidement après l’ouverture. Ils doivent toujours être jetés si la date de péremption est dépassée.
  • Les viandes crues, les poissons et les fruits de mer frais, très sensibles à la prolifération bactérienne (salmonelle ou E. coli), doivent être jetés si la date de péremption est dépassée. Pour éviter le gaspillage alimentaire, il est suggéré de les cuire rapidement ou de les congeler suivant leur achat.
  • Les produits laitiers non pasteurisés comme certains laits ou fromages crus.
  • Les jus frais non pasteurisés

Aliments périssables à faible risque

  • Les yogourts et le lait peuvent être consommés quelques jours après la date indiquée. Il suffit de vérifier qu’ils ne présentent pas de moisissure, une texture anormale ou une odeur désagréable.
  • Les œufs peuvent souvent être consommés quelques semaines après la date de péremption s’ils ont été conservés au réfrigérateur.
  • Le pain est encore bon tant qu’il ne présente pas de moisissures. S’il est trop sec, il peut être transformé en pain doré, en pouding au pain, en croûtons ou en chapelure.
  • Les jus de fruits pasteurisés peuvent être consommés sans problème après la date de péremption. On s’assure toutefois qu’ils ont été conservés au réfrigérateur et que leur goût n’a pas été altéré par la fermentation.

Aliments non périssables ou congelés

Les aliments non périssables se nomment ainsi puisqu’ils sont réellement non périssables. Ils ne risquent donc pas de se détériorer lorsqu’ils sont entreposés dans des conditions optimales (endroit sec, contenant hermétique, etc.)!

  • Les conserves et les aliments surgelés peuvent généralement être consommés bien au-delà de la date de péremption, tant que l’emballage est intact.
  • Les épices et les herbes séchées se conservent très longtemps. Ils ont même des propriétés antimicrobiennes, ce qui les rend résistants à la détérioration.
  • Les aliments sucrants tels que le sucre, le miel et le sirop d’érable se conservent longtemps et sont encore bons même s’ils sont cristallisés. Un simple passage sous l’eau chaude ou au four à micro-ondes permettra de faire fondre les cristaux.
  • Le riz, les pâtes alimentaires et les nouilles instantanées, les légumineuses sèches et le lait en poudre contiennent très peu d’eau, ce qui ne les rend pas propices à la croissance de micro-organismes.
  • Les boissons alcoolisées et le vinaigre contiennent des acides et de l’alcool qui, tous deux, empêchent la croissance des bactéries.
  • D’autres produits comme les huiles ne contiennent pas les nutriments nécessaires pour soutenir la croissance bactérienne, ce qui les rend très stables.

Pour les mets préparés à la maison ou ceux achetés au supermarché, la durée de conservation idéale est établie entre 5 à 7 jours. C’est ce qu’indique le Thermoguide+, récemment mis à jour par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Cette durée est même en hausse par rapport aux anciennes recommandations, qui énonçaient plutôt une durée entre 3 et 4 jours. Ça montre la volonté du gouvernement de réduire le gaspillage alimentaire.

Mieux planifier pour moins gaspiller

Plusieurs solutions s’offrent à nous pour tenter de réduire le gaspillage alimentaire. En voici quelques-unes.

Premier entré, premier sorti!

Certaines méthodes sont plutôt faciles à appliquer, comme la méthode du PEPS (premier entré, premier sorti). Il s’agit de ranger les nouveaux aliments vers l’arrière du réfrigérateur ou du garde-manger et de placer les plus anciens vers l’avant. Ceux avec les dates de péremption qui approchent seront donc plus facilement visibles et accessibles.

Pour le bien de la planète, il n’est toutefois pas toujours important d’acheter l’aliment qui affiche la date «meilleur avant» la plus éloignée! Il est plus judicieux de choisir les aliments qu’on achète selon le moment où on prévoit les cuisiner ou les consommer.

L’inventaire

Tenir un inventaire des aliments dans le garde-manger, le réfrigérateur et le congélateur aide aussi à mieux planifier les repas et à repérer plus facilement les aliments dont la date de péremption approche. Bien que peu de personnes tiennent un inventaire à jour, il peut s’agir d’une méthode efficace pour trouver des recettes basées sur les aliments dont la date de péremption est proche. Plusieurs ressources en ligne permettent de trouver des recettes en indiquant un ou des aliments qu’on a déjà chez soi.

Bref, en adoptant des pratiques de consommation éclairées et en comprenant mieux le concept des dates de péremption, on contribue à éviter le gaspillage alimentaire, voire économiser de l’argent! Comprendre les dates de péremption permet même d’acheter des aliments vendus au rabais et de les consommer en toute sécurité. Une autre façon de faire des économies substantielles!


Merci à Hubert Cormier, docteur en nutrition, pour la rédaction de cet article.

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