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Un cerveau en santé pour profiter de la vie

26 octobre 2021

Dr Louis Bherer, Ph. D.

Neuropsychologue, professeur titulaire, Département de médecine, Université de Montréal et directeur du Centre ÉPIC, ICM

Temps de lecture 4 minutes
Un cerveau en santé pour profiter de la vie

Saviez-vous qu’on peut prendre soin de la santé de son cerveau? Avoir un cerveau en santé, c’est tout un avantage quand on est dans la force de l’âge, et ça aide à vieillir en gardant toute sa tête, comme on dit! On en discute avec le Dr Louis Bherer, neuropsychologue et chercheur en santé cognitive et vieillissement à l’Institut de Cardiologie de Montréal.

Q
D’où vous vient cet intérêt pour le cerveau et le vieillissement? Quel est votre parcours?
R

J’étudiais en philosophie à l’université, et un de mes professeurs nous a parlé de neurosciences, dont le défi consiste à expliquer le fonctionnement du cerveau humain et comment il affecte tout le corps. Ça a tout de suite suscité mon intérêt. À tel point que j’ai délaissé la philo pour faire un baccalauréat en psychologie, puis une maîtrise en psychologie cognitive.

Durant ma première expérience de laboratoire en tant qu’étudiant, je me suis retrouvé à tester la mémoire de personnes âgées saines pour comparer les résultats à ceux de patients atteints de la maladie de Parkinson. Ces personnes me demandaient si c’était normal d’avoir de petits oublis ou de perdre ses clés et ses lunettes. Et je n’avais pas de réponse! Je me suis rendu compte qu’on étudiait déjà à l’époque la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, mais qu’on connaissait peu le vieillissement normal du cerveau. J’ai donc décidé d’approfondir ce sujet dans le cadre de mon doctorat et de mon postdoctorat. Au cours de cette dernière étape de mon parcours universitaire, j’ai plus particulièrement étudié les effets de l’exercice physique sur le cerveau.

Je travaille maintenant avec mon équipe à élaborer des approches préventives pour ralentir ou freiner l’évolution des troubles cognitifs associés au vieillissement et aux maladies cardiovasculaires. J’aime aider les gens à prendre des décisions qui auront un impact positif sur la santé de leur cerveau. On vit de plus en plus longtemps, autant le faire en santé de façon à rester le plus autonome possible physiquement et mentalement.

Q
À partir de quand devrait-on commencer à s’occuper de la santé de son cerveau?
R

Le cerveau, c’est le «centre de contrôle» de notre corps. C’est le commandant en chef! Il est responsable des fonctions cognitives comme la mémoire, le langage, l’apprentissage, l’attention, la résolution de problèmes. C’est aussi lui qui contrôle et exécute des opérations aussi vitales que les battements du cœur, la respiration, le maintien de la pression sanguine et la libération d’hormones. C’est lui qui nous permet de marcher, de manger, de créer, de faire du sport, de ressentir du plaisir, de nous souvenir des belles choses… Le cerveau est l’organe le plus complexe du corps humain. Il est donc crucial de prendre les mesures appropriées pour soutenir sa santé cérébrale à toutes les étapes de la vie. On devrait en fait commencer à s’occuper de la santé de son cerveau le plus tôt possible.

Q
Concrètement, que peut-on faire pour favoriser la santé de son cerveau?
R

Les 5 facteurs suivants sont reconnus comme des clés pour optimiser la santé du cerveau et pour retarder le déclin des fonctions cognitives, de même que l’apparition d’éventuelles maladies graves touchant la mémoire.

1. Faire de l’exercice physique régulièrement

L’idéal est de combiner des exercices de renforcement musculaire et des exercices aérobiques comme la marche rapide, le vélo, la nage ou la course, qui permettent d’oxygéner le cerveau en plus d’être bénéfiques pour la santé cardiovasculaire, le niveau de stress et l’humeur en général.

2. Manger de façon équilibrée et variée

Il faut privilégier les fruits et légumes, les grains entiers, les poissons, les bons gras, etc., afin d’assurer un bon apport nutritif au cerveau. Et, surtout, éviter de consommer de l’alcool de façon excessive.

3. Dormir suffisamment

La fatigue peut avoir des résultats néfastes sur la mémoire. Le sommeil joue un rôle dans la consolidation de la mémoire et dans l’élimination de toxines du cerveau.

4. Pratiquer des activités stimulantes intellectuellement

Les mots croisés, les échecs, la lecture, l’apprentissage d’une nouvelle langue, etc., permettent au cerveau de rester actif.

5. Maintenir un bon réseau social

Partager des repas ou des loisirs avec d’autres personnes ou faire du bénévolat sont autant de façons de maintenir notre cerveau en activité.

Prévenir ou gérer certaines maladies

Aussi, il importe d’avoir un suivi médical régulier et de contrôler les facteurs de risque liés aux maladies cardiovasculaires, comme l’hypertension, l’excès de cholestérol, le diabète, etc. En effet, ces conditions médicales sont reconnues pour accélérer la vitesse du déclin cognitif. On n’en parle pas assez aux patients.

Q
Que sait-on sur le vieillissement normal du cerveau? À quels changements peut-on s’attendre avec l’âge?
R

Il est bon de préciser que les troubles neurocognitifs majeurs, dont la maladie d’Alzheimer, ne touchent environ que 7 % des Canadiens de 65 ans et plus et 25 % des 85 ans et plus. Le cerveau subit alors une détérioration importante qui n’a rien à voir avec le processus normal du vieillissement.

Mais pour la majorité des gens, le cerveau change et s’adapte, comme le reste du corps. Les recherches scientifiques démontrent qu’il y a de façon générale un déclin des facultés cognitives avec l’âge, que ce soit la mémoire, la concentration, le traitement des informations, les capacités d’organisation ou de jugement, etc. Ces changements sont par contre très variables d’une personne à l’autre. Certaines voient leurs performances diminuer dès la soixantaine, alors que d’autres, âgées de 90 ans et plus, conservent toutes leurs capacités cognitives. L’hérédité y est pour quelque chose, mais le mode de vie a une grande importance. Il est donc tout à fait possible de vieillir avec un cerveau en bonne santé!

De grandes études montrent que si on agissait sur les facteurs préventifs, on pourrait repousser de 5 à 10 ans les premiers symptômes du déclin cognitif. C’est énorme! On pourrait aussi réduire de 40 % le nombre de cas de troubles neurocognitifs majeurs. Ça aussi, c’est énorme! C’est une bonne motivation pour adopter de saines habitudes de vie, non?

Merci au Dr Louis Bherer, neuropsychologue, directeur adjoint scientifique à la Direction de la prévention et directeur du Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de Montréal, pour sa collaboration à cet article. 

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