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5 mythes sur le cerveau

20 août 2024

Dr Louis Bherer, Ph. D.

Neuropsychologue, professeur titulaire, Département de médecine, Université de Montréal et directeur du Centre ÉPIC, ICM

Temps de lecture 3 minutes
Que sait-on vraiment de notre cerveau et de la prévention des maladies cognitives? On fait le point sur 5 idées reçues avec le Dr Louis Bherer, neuropsychologue, pour démêler le vrai du faux et mieux comprendre le fonctionnement de notre matière grise.


Mythe 1: après 20 ans, le cerveau commence à décliner de façon permanente.

Le mythe qui dit que notre cerveau commence à décliner dès la vingtaine ne tient pas la route par rapport aux découvertes récentes. En réalité, notre cerveau reste très adaptable, ou «plastique», tout au long de notre vie.

Ça veut dire qu’on peut toujours apprendre de nouvelles choses, peu importe notre âge. Des études ont même montré que le cerveau continue à créer de nouvelles connexions neuronales chez les personnes âgées, preuve qu’il peut changer et continuer de se développer.

Mais cette capacité du cerveau à s’adapter ne se maintient pas toute seule. Elle est stimulée par une vie active. Des activités comme l’apprentissage d’une nouvelle langue, la pratique de jeux d’esprit ou la lecture régulière peuvent aider à protéger le cerveau contre le déclin cognitif lié à l’âge.

Mythe 2: on n’utilise que 10 % de notre cerveau.

Cette affirmation, souvent relayée par des films et des livres de science-fiction, est un mythe tenace. Des études utilisant l’imagerie par résonance magnétique ont montré que, même au repos, quand on ne fait rien de particulier, de nombreuses régions du cerveau restent actives. Ces régions sont interconnectées en réseaux qui ont des fonctions spécifiques, que ce soit pour les tâches de pensée complexe, les émotions ou les fonctions de survie (respirer, faire battre notre cœur, etc.). Cette activité cérébrale continue est la preuve qu’il n’y a pas que 10 % de notre cerveau qui est mis à contribution.

Mais bien qu’on utilise tout notre cerveau sur le plan du volume, on n’exploite peut-être pas pleinement son potentiel ni toutes ses ressources. Les nouvelles technologies nous permettent d’en savoir plus sur cet organe fascinant et complexe, mais on en a encore beaucoup à apprendre!

Mythe 3: l’intelligence est déterminée à la naissance.

L’idée que l’intelligence est déterminée à la naissance ne correspond pas à ce qu’on comprend aujourd’hui de la neurologie. Si notre cerveau peut continuer d’apprendre, c’est donc dire que l’intelligence peut évoluer! De nombreux facteurs comme l’éducation, l’environnement et les interactions sociales ont un impact sur l’intelligence.

Certaines choses, comme la rapidité avec laquelle on traite l’information, peuvent être influencées en partie par la génétique, mais notre intelligence globale ne dépend pas uniquement des gènes. Ce qu’on fait chaque jour, les défis qu’on relève et nos échanges avec les autres jouent un grand rôle dans notre développement intellectuel. L’intelligence inclut plusieurs compétences et habiletés qu’on peut cultiver tout au long de la vie.

Mythe 4: on ne peut pas prévenir la démence, c’est génétique.

Ce mythe fait croire qu’on ne peut rien faire contre la démence parce que c’est génétique, mais ce n’est pas totalement vrai. La génétique joue un rôle, mais il y a beaucoup d’autres choses qu’on peut faire pour prévenir ou retarder la démence comme manger équilibré, faire de l’exercice régulièrement et bien dormir. Et même les personnes qui ont les facteurs de risque familiaux et génétiques de démence peuvent réduire leur risque de façon importante en adoptant un bon style de vie.

Les relations sociales sont aussi particulièrement bénéfiques pour le cerveau et notre qualité de vie. Elles gardent notre cerveau actif et alerte en stimulant différentes zones. Ces interactions diminuent aussi le stress, améliorent notre bien-être émotionnel et peuvent même renforcer nos capacités cognitives comme la mémoire.

Mythe 5: seule l’activité physique pratiquée dès le jeune âge améliore la santé du cerveau.

Ce mythe décourage les personnes qui n’ont pas l’habitude de faire de l’exercice, en leur faisant croire qu’il est trop tard pour en tirer des bienfaits. Pourtant, il n’est jamais trop tard pour bouger et profiter des effets positifs que cela apporte au cerveau! Par exemple, une séance d’exercice de 20 à 30 minutes à intensité modérée entraîne toute une cascade d’effets physiologiques qui améliorent la concentration et favorise la capacité d’adaptation du cerveau.

Des études ont montré que des personnes de 65 ans, qui n’étaient pas actives physiquement auparavant, ont amélioré leur santé cognitive après seulement 6 mois d’activité physique régulière. Concrètement, ces personnes ont effectué un programme combinant des exercices cardiovasculaires et musculaires d’intensité modérée à élevée de 30 à 40 minutes, 3 ou 4 fois par semaine.

Envie d’en savoir plus sur le cerveau?

Dans cet épisode de TOUGO: le balado, Marie-Christine Proulx reçoit le Dr Louis Bherer, neuropsychologue, qui nous éclaire sur le fonctionnement du cerveau et comment en prendre soin.

Écoutez l’épisode de balado


Merci au Dr Louis Bherer, neuropsychologue, directeur adjoint scientifique à la Direction de la prévention et directeur du Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal, pour sa collaboration à cet article.

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