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5 mythes sur l’alimentation bio

2 juillet 2024

Stéphanie Côté

Stéphanie Côté

Nutritionniste, auteure, conférencière et chroniqueuse

Temps de lecture 5 minutes
Faites-vous partie des personnes qui sont convaincues que l’alimentation biologique est ce qu’il y a de mieux pour la santé et l’environnement? Croyez-vous plutôt que la réputation du bio est surfaite? ou encore que c’est un luxe inaccessible? La nutritionniste Stéphanie Côté s’attaque à 5 mythes concernant l’alimentation biologique et apporte quelques précisions qui s’imposent.

Mythe 1: manger bio, c’est plus santé

Même si l’idée peut sembler attrayante, manger bio n’est pas plus sain que de manger «traditionnellement». En effet, lorsqu’on évalue la qualité de l’alimentation d’une personne, la variété prime sur le type de culture. Manger beaucoup de fruits et légumes et moins de produits transformés, ça s’applique aussi quand on choisit de manger bio. C’est réducteur de regrouper tous les aliments biologiques dans le même panier, parce qu’ils sont très variables d’un point de vue nutritionnel.

D’ailleurs, les fabricants ont compris l’attrait marketing du terme «biologique» et profitent de son aura santé pour offrir des produits ultratransformés peu nutritifs. Combien de chips, biscuits, macaroni au fromage en boîte et autres aliments souvent riches en sel, en sucre et en gras se font passer pour meilleurs que ce qu’ils sont parce qu’ils sont bios?

Rappels importants concernant les aliments et la santé

  1. Aucun aliment à lui seul, bio ou non, ne peut garantir la santé.
  2. Un aliment ultratransformé, bio ou non, ça reste un produit ultratransformé.

Les fruits et légumes bios sont-ils plus santé?

Les études scientifiques actuelles ne prouvent pas que les fruits et légumes bios contiennent plus de vitamines, de minéraux ou d’antioxydants en comparaison des traditionnels. Elles prouvent encore moins que les aliments biologiques améliorent la santé. Un fait demeure: manger beaucoup de fruits et légumes est bon pour la santé, peu importe leur type de culture.

Une chose est toutefois sûre également: la culture bio est meilleure pour la santé des travailleurs et travailleuses qui produisent les aliments. Malheureusement, les pesticides chimiques utilisés dans l’agriculture classique rendent les agricultrices et agriculteurs susceptibles de développer des maladies, comme le cancer ou la maladie de Parkinson. En choisissant de manger bio, on protège la santé des personnes qui cultivent les aliments qui nous nourrissent.

Mythe 2: il faut manger bio pour réduire les pesticides dans notre alimentation

C’est vrai que les légumes et les fruits biologiques contiennent moins de résidus de pesticides que ceux issus de l’agriculture traditionnelle. Sauf qu’il s’agit de traces, c’est-à-dire de très petites quantités. Au Québec, plusieurs normes régissent les résidus de pesticides pour assurer l’innocuité des aliments. Une étude de l’Institut national de santé publique confirme que les doses retrouvées sur les fruits et légumes produits par la culture classique sont assez faibles pour écarter les effets nocifs sur la santé. Puis, au risque de se répéter, les bienfaits des fruits et légumes surpassent de loin les risques associés aux résidus de pesticides.

Comment réduire les résidus de pesticides sur les fruits et légumes?

Pour s’assurer de réduire au maximum les résidus de pesticides…

  • le meilleur moyen est de laver les fruits et légumes avant de les manger. Les rincer sous l’eau courante est suffisant. Nul besoin de les laver avec des savons spéciaux.
  • on peut également brosser certains fruits et légumes comme les pommes, les courges, les melons et les pommes de terre. Ce n’est pas possible pour la fragile tomate et les légumes en feuilles comme la laitue.
  • on peut retirer la pelure des fruits et légumes pour réduire aussi la quantité de résidus de pesticides, mais ce faisant, on se prive de plusieurs nutriments et saveurs qui s’y trouvent.

Le lavage a aussi l’avantage d’enlever des bactéries à la surface des aliments. Des champs aux camions, en passant par les étalages des épiceries, disons que les fruits et légumes sont exposés à quelques microbes en chemin!

Mythe 3: c’est en mangeant bio qu’on pourra sauver la planète

C’est vrai que l’agriculture biologique avantage l’environnement comparativement à l’agriculture traditionnelle. La biodiversité est mieux conservée (dont les précieuses abeilles!), et les produits chimiques de synthèse dans le sol et l’eau sont moindres, notamment. Considérant la quantité astronomique de ressources nécessaires pour produire les aliments, c’est sûr qu’adopter de meilleures pratiques, ça fait une différence pour les générations futures.

Mais de là à dire qu’on peut sauver la planète en mangeant bio… Il y a des nuances à faire. Quand on se penche sur le bilan carbone lié à la production d’aliments, le calcul peut devenir hautement complexe. Est-il plus polluant de manger une tomate traditionnelle cultivée au Québec ou de faire parcourir plusieurs milliers de kilomètres à une tomate biologique produite au Mexique?

Dans le doute concernant l’effet du cycle de vie des aliments bios versus ceux traditionnels, laissez-vous guider par vos valeurs et votre portefeuille.

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Mythe 4: manger bio, c’est encourager les produits locaux

«Bio» et «local» sont deux concepts différents et indépendants: biologique ne veut pas dire local, et vice versa. Ils ont cependant une idéologie semblable: prendre soin de la planète et des producteurs et productrices.

Le concept d’achat local priorise les aliments produits à proximité, qu’ils soient bios ou traditionnels. Le terme «local» n’est pas certifié comme la mention «biologique». Parfois, c’est «local» dans la municipalité, parfois ça l’est dans la région ou la province. Ça dépend entre autres de l’autonomie alimentaire possible à petite échelle. Choisir les aliments du Québec, c’est choisir des aliments dont le transport a généré moins de gaz à effet de serre que les mêmes aliments arrivés de loin, alors c’est ça de gagné! Pour avoir plus d’informations sur les méthodes de production, on peut faire de l’agrotourisme en allant directement sur les fermes lorsque c’est possible ou simplement en discuter avec les agriculteurs et agricultrices lors d’une visite au marché.

«Bio» et «local», c’est différent, mais les combiner permet de faire un coup double pour l’environnement et l’économie locale!

Mythe 5: les aliments bios sont toujours plus chers que les traditionnels

Là où le bât blesse dans l’alimentation biologique, c’est le prix. Les entreprises biologiques doivent respecter des normes strictes pour avoir (et garder) leur certification en plus de devoir ajuster leurs pratiques pour préserver le bien-être de l’environnement et de la biodiversité. Protéger l’environnement coûte cher, et ça se reflète sur le coût des aliments. Cela dit, plus la demande sera forte en aliments biologiques, plus l’offre pourra être intéressante, et donc les prix. Ainsi, une diminution de l’écart de prix entre les deux modes d’agriculture est envisageable. L’avenir nous le dira.

3 astuces pour manger bio à moindre coût

  • Acheter des fruits et légumes bios lorsqu’ils sont en saison, car ils sont alors moins chers. Du printemps à l’automne, les fruits et légumes du Québec y passent successivement. C’est le temps de faire des provisions au congélateur ou en conserves si possible!
  • S’abonner à un panier bio du réseau des fermiers et fermières de famille permet également d’économiser, en plus de soutenir l’économie locale et d’avoir de belles découvertes tout au long de l’été (et même l’hiver dans certains cas).
  • Cultiver! Mettre les mains dans la terre en faisant un potager permet de produire des légumes bios (ou presque). En prime: un maximum de plaisir, d’autonomie et de satisfaction.

C’est quoi, l’alimentation bio?

Manger bio, c’est manger des aliments qui sont produits selon des méthodes de culture et d’élevage respectueuses de l’environnement et des animaux. Avec l’agriculture biologique, les objectifs sont notamment de protéger l’environnement, de maintenir la biodiversité et de respecter les cycles naturels.

Principes de la culture biologique des végétaux

Dans la culture d’aliments biologiques, il est interdit d’utiliser des pesticides ou des engrais chimiques de synthèse pour contrôler les insectes et fertiliser les sols. Par exemple, le désherbage est plutôt effectué à l’aide de techniques mécaniques, et on peut utiliser du fumier d’animaux comme engrais naturel. Le but est d’éviter que les produits chimiques contaminent les sols, les nappes phréatiques et les cours d’eau avoisinant les terres.

Principes de l’élevage biologique des animaux

Concernant la viande biologique, plusieurs normes doivent être respectées relativement à l’alimentation des animaux et les conditions dans lesquelles ils sont élevés. Par exemple, la surpopulation animale dans les bâtiments n’est pas permise, et les animaux doivent avoir accès à suffisamment d’espace, d’air frais et de lumière naturelle. Ils doivent être nourris avec de la nourriture biologique et ils ne peuvent pas recevoir d’hormone de croissance ou d’antibiotiques de façon préventive.

Logos de certification biologique

On peut s’assurer de l’intégrité d’un produit biologique puisque le terme est réglementé au Québec depuis 2000. Pour que son emballage puisse afficher la mention «bio», un produit alimentaire doit avoir été certifié par un organisme accréditeur. On compte 6 logos au Québec:

  • Ecocert Canada
  • Letis S.A.
  • Québec Vrai
  • Pro-Cert
  • Quality Assurance International
  • TransCanada Organic Certification Services

Envie d’en savoir plus sur l’alimentation bio?

Marie-Christine Proulx en discute avec la nutritionniste Stéphanie Côté.

Écoutez l’épisode de balado


Merci à Stéphanie Côté, nutritionniste, pour la rédaction de cet article.

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