De façon consciente ou non, nos choix sont constamment influencés par des facteurs sociaux, que ce soit la marque de chaussures qu’on achète, l’activité qu’on décide de pratiquer, la destination de notre prochain voyage, etc. C’est donc certain que l’alimentation sera influencée également.
La simple vue d’une recette alléchante, de l’annonce d’un produit ou du restaurant où les personnes qu’on suit sont allées est assez pour susciter notre intérêt. Plus nous nous exposons à ces stimuli, plus il y a de chances que nous voulions reproduire les mêmes choix.
La nourriture est également intimement liée aux émotions, à l’identité, à un aspect social: c’est donc un bon moyen de nous influencer!
Les influenceurs et influenceuses se font appeler ainsi pour une raison! Ils et elles réussissent à nous accrocher, à nous vendre un mode de vie ou des produits sans même qu’on les connaisse personnellement.
Médias sociaux: du meilleur au pire
Comme dans tout, il y a du bon comme du moins bon dans les médias sociaux, et cela s’applique aux conseils en alimentation, qui y sont très présents.
Le bon dans les médias sociaux
- Certaines tendances finissent par s’aligner sur les recommandations que font déjà les professionnels et professionnelles de la santé: acheter local, faire la promotion des aliments québécois, s’alimenter de façon intuitive, encourager la santé au-delà du poids, émettre des discours antigrossophobie, etc.;
- Le fait de partager des recettes donne des idées, incite à cuisiner, pique la curiosité pour des recettes attrayantes, peut faire découvrir de nouveaux ingrédients, nous expose à des conseils et trucs culinaires et rend accessible la cuisine en proposant des recettes faciles à réaliser;
- Beaucoup de nutritionnistes publient dans les médias sociaux, ce qui alimente l’offre en contenu éducatif, en conseils fondés scientifiquement et en mises au point relatives à des mythes, des légendes urbaines ou des pseudo-conseils farfelus, voire dangereux.
Le moins bon dans les médias sociaux
- Les influenceurs et influenceuses n’ont pas nécessairement de formation reconnue en santé: on finit par leur faire confiance trop facilement, et l’information communiquée peut être inexacte, voire nocive;
- Le nombre d’abonnés et abonnées n’est pas proportionnel à la fiabilité de l’information diffusée. Même qu’au contraire, la tendance à tomber dans le sensationnalisme peut malheureusement attirer les foules. «Le beurre d’arachide est inflammatoire», «Le gluten vous rend malade», «L’eau citronnée fait des miracles», et autres affirmations du genre suscitent l’intérêt même si elles sont complètement fausses;
- Les tendances peuvent facilement devenir négatives (diètes restrictives, détox, suppléments, etc.) et prendre de l’ampleur en entraînant des conséquences néfastes chez les personnes qui les suivent (troubles alimentaires, culpabilisation si on ne suit pas la tendance). Une tendance de masse et des «conseils» basés sur la propre expérience de l’influenceur ou l’influenceuse ne tiennent jamais compte de notre réalité et de nos besoins individuels.
Se faire influencer, mais pas trop!
À la lumière de tout cela, il faut savoir démêler le vrai du faux.
- Faire attention à la différence entre des faits et des opinions;
- Se méfier des recommandations faites à la population en général tirées d’une expérience personnelle, et qui tient donc de l’anecdote et non de la science. (Par exemple: je prends un supplément x et je me sens bien, donc tu devrais prendre le supplément x pour te sentir bien.)
Qu’est-ce qui rend une source crédible?
- L’information provient d’un article scientifique d’une équipe de recherche qualifiée sur le sujet OU est partagée par un professionnel ou une professionnelle de la santé à partir d’un article scientifique;
- L’information est transmise de façon objective et juste;
- L’information est récente… car la science évolue rapidement.
Bien que les influenceurs et influenceuses aient pour la plupart de bonnes intentions, ils et elles se font aussi influencer. Les sujets abordés changent selon les tendances ou les marques populaires du moment et, surtout, selon les partenariats rémunérés.
Médias sociaux: entre information et publicité
Il est légalement obligatoire d’identifier explicitement les commandites et partenariats dans les médias sociaux, que ce soit par des mots-clics (hashtags) publicitaires ou en identifiant la collaboration ou le partenariat rémunéré dans l’en-tête de la publication.
Est-ce que ça veut dire qu’on ne devrait pas faire confiance à toute publication ayant ces indications de partenariat? Non, il est bien possible que les créateurs et créatrices de contenu (influenceurs et influenceuses ou nutritionnistes) fassent preuve de transparence et partagent des produits qu’ils et elles apprécient même à l’extérieur du cadre de la collaboration.
Toutefois, il faut savoir que les nutritionnistes et autres spécialistes faisant partie d’un ordre professionnel qui collaborent avec des marques ont le dernier mot sur leur contenu et se doivent, de par leur code de déontologie, de véhiculer des informations et opinions basées sur les données de la science généralement reconnues. Les professionnels et professionnelles ont un devoir de rigueur. La science prime toujours, et les nutritionnistes contribuent ainsi à mieux nuancer des messages qui, dans les mains d’influenceurs et influenceuses ou du marketing traditionnel, seraient de la simple publicité.
Merci à Stéphanie Côté, nutritionniste, pour la rédaction de cet article.