Entrevue d’embauche, examen médical, changement de vie important, réaction allergique… L’anxiété peut survenir quand on fait face à des dangers «potentiels». Elle fait partie de la vie, mais peut devenir difficile à contrôler pour certaines personnes. Voici 9 mythes courants sur l’anxiété qu’on démystifie avec la psychologue Nathalie Parent.

Mythe 1: le stress et l’anxiété, c’est la même chose.

Le stress est une réaction hormonale et cérébrale, appelant tout le corps à réagir à un danger immédiat. Il s’agit d’une réponse immédiate qui prépare l’organisme à se protéger (fuite, lutte, immobilisation). Cette réponse est déclenchée par quatre composantes perçues et qui composent l’acronyme CINE:

  • Le sentiment de ne pas avoir de contrôle;
  • Une situation qui était imprévisible;
  • Une situation nouvelle;
  • L’ego est menacé.

Le stress disparaît généralement une fois la situation résolue.

L’anxiété, quant à elle, est l’anticipation d’un danger potentiel ou la perception d’une menace, qu’elle soit à l’extérieur de soi ou à l’intérieur (émotions, pensées). La crainte d’une menace peut engendrer:

  • des comportements d’évitement: j’évite des situations qui pourraient générer un sentiment de honte, par exemple;
  • des pensées irrationnelles: j’ai l’impression que tout le monde me dévisage quand je fais une sortie, comme si je n’avais pas ma place à cet endroit;
  • des scénarios catastrophiques dans ma tête: je m’imagine que je vais perdre mon emploi parce que je suis en retard à cause d’un embouteillage;
  • des sensations physiques: j’ai mal de ventre, j’ai des étourdissements, une boule dans la gorge, etc.

La «vague» d’anxiété, c’est habituellement momentané, de passage. Ça ne dure pas, comme une vague qui passe.

Mythe 2: l’anxiété est juste un signe de faiblesse.

On peut se sentir vulnérable sous l’effet de l’anxiété. Mais il faut dire que beaucoup de personnes avec des troubles anxieux parviennent à accomplir de grandes choses sous l’effet de celle-ci. Les personnes qui vivent avec de l’anxiété démontrent une force intérieure en affrontant fréquemment des défis. L’anxiété ne définit pas la valeur ou la capacité d’une personne.

Anxiété et trouble anxieux

La plupart d’entre nous vont traverser des épisodes d’anxiété au cours de notre vie. Ces événements passagers se distinguent toutefois du trouble anxieux, qui, lui, correspond à un diagnostic médical avec des critères précis, comme:

  • une détresse importante;
  • une durée de plus de six mois;
  • des manifestations qui affectent de façon importante différentes sphères de la vie (sommeil, alimentation, travail, réseau social, etc.).

Mythe 3: on peut facilement contrôler notre anxiété par nous-même.

L’anxiété ne se contrôle pas facilement, car cela demande un effort, et on doit développer la tolérance à l’inconfort et à l’incertitude. Bien qu’il soit possible pour certaines personnes de gérer des niveaux légers d’anxiété grâce à des techniques de relaxation ou de pleine conscience ou de l’exercice physique, les troubles anxieux plus sévères sont plus complexes et difficiles à maîtriser par soi-même.

Les troubles anxieux impliquent des mécanismes biologiques, psychologiques et environnementaux qui dépassent la simple volonté ou la capacité de «se calmer». Les personnes en souffrant peuvent ressentir une anxiété intense, incontrôlable et persistante, même en l’absence de déclencheurs apparents. Dans de tels cas, une aide professionnelle est nécessaire. Plusieurs approches sont possibles.

Ce mythe peut créer de la frustration et un sentiment d’échec chez les gens qui luttent contre l’anxiété, en leur faisant croire qu’ils devraient être capables de la contrôler seuls. En réalité, demander de l’aide est souvent un signe de force et peut être essentiel pour obtenir des résultats durables dans la gestion de l’anxiété.

Mythe 4: l’anxiété, c’est dans la tête.

On pense souvent que les personnes souffrant d’anxiété devraient simplement penser positivement ou se détendre. En réalité, l’anxiété est plutôt le résultat d’un mélange complexe de facteurs biologiques, psychologiques, relationnels et environnementaux.

Des antécédents familiaux, des traumatismes, des chocs émotionnels, des difficultés relationnelles, une problématique sur le plan de la gestion des émotions ainsi que des expériences de vie stressantes peuvent tous contribuer à l’apparition d’un trouble anxieux. Ce n’est donc pas seulement une question de volonté ou de perspective.

Mythe 5: il n’y a rien à faire contre l’anxiété, on l’a pour la vie.

Ce mythe est décourageant et inexact. Il existe plusieurs types d’anxiété et autant de possibilités de traitement que de personnes vivant de l’anxiété. Comme il peut s’agir d’une anxiété situationnelle transitoire ou prolongée, d’un trouble anxieux passager ou apparu à la suite d’un choc émotionnel, les solutions seront variées.

L’idée qu’on est aux prises avec l’anxiété «pour la vie» minimise la possibilité d’amélioration, diminue l’espoir et freine la recherche de ressources pour aider à mener une vie plus équilibrée et sereine. Pour beaucoup de personnes, chercher à comprendre ce qui déclenche leur anxiété, voir leur symptôme dans son contexte et l’histoire de vie personnelle et relationnelle aidera à trouver les stratégies appropriées.

Mythe 6: les médicaments sont la seule solution à l’anxiété.

Bien que les médicaments puissent être nécessaires pour certaines personnes, ils ne sont ni essentiels ni la solution pour tout le monde. L’approche pour traiter l’anxiété varie d’une personne à l’autre et consistera souvent en une combinaison de plusieurs stratégies. Le traitement de l’anxiété impliquera donc un travail sur les pensées, les comportements, les émotions, les relations et/ou le corps, selon les symptômes en cause.

La psychothérapie pourra viser à calmer le corps et le sentiment de menace par des techniques comme des exercices de détente (pleine conscience, méditation, yoga, respiration, etc.). De même que vérifier l’hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité, plaisir, temps d’écran) et travailler sur celle-ci. Viser la gestion des pensées, des émotions, des relations et affronter plutôt qu’éviter seront tout autant des stratégies aidantes.

Les solutions dépendent des besoins de chaque personne. Certains besoins peuvent être non conscients*, de là l’importance de consulter en psychothérapie.

* Exemples de besoins non conscients

Voici des exemples de besoins non conscients qui, s’ils ne sont pas comblés, pourraient mener à de l’anxiété.

  • Le besoin de ressentir une émotion non permise comme la colère ou la jalousie.
  • Le besoin de se faire aimer, qui amène à se couper de ses propres besoins pour répondre à ceux des autres.

Mythe 7: l’anxiété disparaît simplement avec le temps.

Bien que certaines formes d’anxiété, comme celle liée à un événement stressant, soient temporaires et puissent s’atténuer après la fin de la situation, les troubles anxieux chroniques ne disparaissent généralement pas d’eux-mêmes sans une aide. Plus l’anxiété est traitée rapidement, plus il est probable que les symptômes s’améliorent. Ne pas tenir compte des symptômes ou espérer qu’ils disparaîtront d’eux-mêmes peut rendre le traitement plus difficile à long terme. Laisser l’anxiété sans traitement peut même aggraver la situation et faire en sorte que les symptômes s’intensifient et qu’il y ait des conséquences négatives sur la qualité de vie.

Mythe 8: l’anxiété se manifeste de la même manière pour tout le monde.

Ce qui est anxiogène pour une personne peut ne pas l’être pour une autre, et la manière dont on vit et exprime notre anxiété peut varier considérablement. L’anxiété est une expérience très personnelle. Les symptômes peuvent varier non seulement d’une personne à l’autre, mais aussi pour une même personne à différents moments de sa vie.

Manifestations émotionnelles d’anxiété

  • Peurs, pouvant aller jusqu’à la panique;
  • Irritabilité, tristesse;
  • Sentiment d’impuissance, de honte.

Symptômes physiques d’anxiété

  • Mal de cœur, de ventre;
  • Bouffées de chaleur, frissons;
  • Boule dans la gorge, impression d’étouffer;
  • Problèmes intestinaux comme la diarrhée, besoin fréquent d’uriner;
  • Perte ou augmentation de l’appétit;
  • Insomnie, cauchemars, fatigue;
  • Tremblements des mains, de la voix;
  • Tensions musculaires, palpitations cardiaques.

Manifestations comportementales d’anxiété

  • Fuite, évitement (écrans, alcool, drogue, sommeil…);
  • Opposition, demande d’attention (de commentaires positifs, par exemple);
  • Hyperactivité, difficultés de concentration;
  • Tics ou manies.

Symptômes cognitifs d’anxiété

  • Pensées négatives ou irrationnelles: par exemple, croire que si je fais une erreur au travail, mes collègues vont penser que je manque de compétences;
  • Scénarios catastrophiques : m’imaginer que parce que mon ado est en retard de 30 minutes, il ou elle doit avoir subi des blessures ou être à l’hôpital.

Mythe 9: les personnes souffrant d’anxiété doivent éviter les situations stressantes.

Bien qu’il soit naturel de vouloir éviter les situations qui déclenchent de la peur ou de l’inquiétude, cette stratégie a plutôt pour effet de renforcer l’anxiété et de limiter les occasions d’introspection. J’aime bien utiliser l’image de la vigie sur un bateau pour illustrer la fonction de l’anxiété: elle permet de voir venir, comme un signal appelant à modifier un peu la trajectoire, et permet un apprentissage sur soi et des défis à relever.

Éviter les situations stressantes peut procurer un soulagement temporaire, mais cette approche peut renforcer la croyance que ces situations sont véritablement dangereuses ou impossibles à gérer. Chaque fois qu’une personne évite une situation anxiogène, cela renforce l’idée que l’évitement est la seule manière de se protéger et peut entraîner une intensité plus élevée la fois suivante. Avec le temps, le champ des activités qu’une personne se sent capable d’accomplir se rétrécit, et elle peut se retrouver de plus en plus limitée dans ses actions, ses relations sociales et même sa carrière.

Dans des cas extrêmes, l’évitement peut conduire à un isolement social ou à des comportements qui affectent la qualité de vie de manière importante, comme l’incapacité de quitter la maison (agoraphobie) ou la peur intense de situations quotidiennes comme parler en public ou rencontrer de nouvelles personnes.

S’exposer à ce qui fait peur ou apprendre à tolérer l’émotion désagréable sont des comportements aidant à diminuer l’anxiété.


Merci à Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière, pour la rédaction de cet article.

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