Les tiques, ces petits arachnides de quelques millimètres, sont de plus en plus présentes dans nos régions, surtout dans le sud du Québec.
«Le facteur principal de cette progression, c’est vraiment le réchauffement du climat, explique la Dre Mirabelle Kelly, microbiologiste infectiologue. Les hivers moins rigoureux favorisent la survie des tiques. Et avec l’étalement urbain, les nouveaux quartiers résidentiels qui se construisent près des zones boisées augmentent les contacts entre les humains et les tiques.»
Ces petites bêtes affectionnent particulièrement les forêts tempérées avec une bonne couche de feuilles et de branches qui font de l’ombre comme on en trouve en Estrie, en Montérégie et dans d’autres régions du Québec. «Les feuilles mortes au sol leur permettent de survivre à l’hiver. Elles ont besoin d’humidité, c’est pourquoi on les trouve moins dans les zones sèches et exposées au soleil», précise la médecin.
Les tiques: une présence saisonnière à surveiller
Les tiques vivent non seulement dans les forêts et les boisés, mais aussi dans les herbes hautes, les jardins et les tas de feuilles mortes. «Elles sont particulièrement actives de mars à novembre et suivent un cycle sur environ 2 ans», indique la Dre Kelly. À chaque étape de leur développement, elles se nourrissent du sang des animaux et des humains, d’où leur besoin de s’accrocher à notre peau.
Bon à savoir!
«Toutes les tiques ne sont pas porteuses de la bactérie pouvant causer la maladie de Lyme. Dans des secteurs plus à risque comme l’Estrie, c’est de 30 à 40 % des tiques environ qui sont porteuses de la bactérie, alors que la proportion est de 20 à 30 % environ dans d’autres secteurs. De plus, pour qu’il y ait transmission, la tique doit généralement rester accrochée plus de 24 heures», mentionne la médecin
Selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec1, le nombre de cas de maladie de Lyme est en augmentation. «En 2023, environ 652 cas ont été déclarés au Québec, comparativement à 125 en 2014. La proportion de cas contractés dans la province a aussi augmenté de 53 % à 86 % entre 2014 et 2023», rapporte la microbiologiste infectiologue.
Comment éviter une piqûre de tique?
Pour profiter pleinement de nos activités de plein air sans inquiétude, quelques précautions simples mais efficaces s’imposent. Avant de partir en randonnée ou de jardiner, on pense à:
- enfiler des vêtements longs et clairs (plus facile pour repérer les tiques!);
- rentrer son chandail dans son pantalon;
- mettre ses chaussettes par-dessus son pantalon;
- appliquer un chasse-moustiques contenant du DEET ou de l’icaridine sur la peau exposée.
Pendant la randonnée, on reste dans les sentiers battus.
Repérer les tiques après une sortie en plein air
Après l’activité, c’est l’heure de l’inspection! Comme les tiques sont minuscules, on inspecte sa peau avec attention à la recherche d’une petite boursouflure en forme de goutte. Astuce: on demande l’aide d’une autre personne ou on utilise un miroir pour bien vérifier les endroits difficiles à voir, comme le dos. On examine aussi sac à dos, manteau et autres équipements de plein air.
«Il est important de prendre une douche dès que possible après une activité dans une zone à risque. Cela permet d’éliminer les tiques qui ne sont pas encore accrochées», recommande la Dre Kelly.
Pour éliminer de potentielles tiques accrochées aux vêtements, on recommande de les laver ou de les mettre à la sécheuse à température élevée pendant 10 minutes.
On a une piqûre de tique? On garde son calme!
Pas de panique si on découvre une tique accrochée à notre peau! Plus on la retire rapidement, plus on réduit les risques de transmission de la maladie de Lyme. Voici la marche à suivre:
- Retirer délicatement la tique, sans écraser son abdomen (le milieu de son corps) avec une pince à épiler ou un crochet à tiques (offert en pharmacie). La tique s’incruste sous la peau, donc on doit la retirer avec un outil approprié pour éviter qu’une partie de celle-ci y reste.
- Placer la tique dans un petit contenant fermé.
- Nettoyer la zone avec de l’eau et du savon.
- Noter la date et prendre une photo de la piqûre de tique.
Reconnaître et traiter la maladie de Lyme
«Une fois la tique retirée, on appelle Info-Santé 811 ou on se rend en pharmacie, conseille la Dre Kelly. Le pharmacien ou la pharmacienne pourra évaluer si on est admissible à un traitement préventif d’antibiotique et nous le fournir le cas échéant.»
On surveille ensuite la zone de la piqûre pendant 30 jours. La maladie de Lyme se développe en plusieurs phases. «Au début, on peut voir apparaître une rougeur à l’endroit de la piqûre qui s’étend progressivement. Cette rougeur peut se manifester de 3 à 30 jours après la piqûre de tique», précise la médecin. Si une telle rougeur s’installe, ou si on ressent des symptômes comme de la fièvre ou des courbatures, on consulte un ou une médecin ou on appelle Info-Santé 811.
Contrairement à certaines croyances, la maladie de Lyme se traite bien avec des antibiotiques, particulièrement lorsqu’elle est détectée tôt. «Ce n’est pas une condition à vie», rassure la Dre Kelly. De plus, un vaccin contre la maladie de Lyme pour les humains est actuellement à l’étude.
Si l’infection n’est pas traitée, d’autres symptômes peuvent se développer. «Les gens atteints peuvent ressentir des symptômes qui ressemblent à une grosse grippe, avec des douleurs musculaires, de la fatigue et de la fièvre. Plus tard, des problèmes articulaires peuvent apparaître, particulièrement aux chevilles et aux genoux.»
Protéger contre les tiques nos amis à 4 pattes
Il existe des stratégies pour protéger nos animaux de compagnie des piqûres de tiques. On recommande aux propriétaires de chats, de chiens, de cheval de consulter leur vétérinaire pour établir la meilleure stratégie de protection. «Pour les chiens, il existe un vaccin efficace ainsi que des traitements antiparasitaires préventifs», conseille la Dre Kelly. En promenade, garder son chien en laisse et dans les sentiers permet aussi de réduire les risques d’exposition. On s’assure de l’examiner méticuleusement au retour (autour des oreilles, aines et aisselles, sous le collier, etc.). Et si on en trouve, on applique les mêmes principes de retrait que pour soi-même.
Les tiques font partie de notre environnement, mais elles ne doivent pas nous empêcher de profiter des joies du plein air. Avec ces quelques précautions, on peut continuer à randonner en toute quiétude!
Merci à la Dre Mirabelle Kelly, microbiologiste infectiologue, pour sa collaboration à la rédaction de cet article.
Source
1. Résultats annuels de surveillance des maladies transmises par les tiques : 2023. INSPQ. https://www.inspq.qc.ca/zoonoses/tiques/surveillance/2023
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