Alcool: les risques pour la santé des femmes
Les femmes sont plus sensibles aux effets de l’alcool
À quantité égale d’alcool consommé, les femmes atteignent en général une alcoolémie supérieure à celle des hommes. «Leur corps, qui contient généralement plus de graisse et moins d’eau, métabolise l’alcool de façon différente», explique Kim Brière-Charest, directrice des projets sur les substances psychoactives, à l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ). Les femmes sont donc biologiquement plus vulnérables aux effets de l’alcool.
L’alcool augmente le risque de maladies chez les femmes
Sur le plan physique, moins de 25 % des femmes sondées par Léger pour le compte de l’ASPQ étaient conscientes des effets de la consommation d’alcool sur le cancer du sein et les maladies du foie. «Ça fait en sorte que les femmes ne consomment pas toujours en étant conscientes des risques pour leur santé», souligne la directrice des projets. De plus, la consommation d’alcool pendant la grossesse et l’allaitement peut entraîner des risques pour le fœtus et le nourrisson.
L’alcool a des effets sur la santé mentale des femmes
Les effets de l’alcool sur la santé mentale sont aussi notables. Si l’alcool peut sembler soulager temporairement le stress ou l’anxiété, il aggrave souvent ces problèmes dans le temps. «La moitié des femmes sondées déclaraient consommer de l’alcool pour apaiser le stress ou l’anxiété, mentionne Kim Brière-Charest. Cependant, à moyen ou long terme, la dépendance à cette substance peut entraîner des troubles anxieux et dépressifs», avertit-elle.
Alcool et sécurité des femmes: un enjeu
La sécurité dans les contextes de consommation d’alcool est aussi une préoccupation majeure. «Près de 80 % des femmes ont rapporté ne pas se sentir en sécurité dans les bars au Québec, mentionne Kim Brière-Charest. Et 1 femme sur 3 rapporte consommer plus rapidement ses boissons dans des lieux publics, par crainte que quelqu’un y ajoute quelque chose à son insu.» En attendant que la sécurité soit renforcée dans les milieux de consommation, les femmes doivent donc redoubler de prudence quand elles s’y rendent.
La publicité influence la consommation d’alcool des femmes
«Les campagnes publicitaires ciblent souvent spécifiquement les femmes», note Kim Brière-Charest. Les couleurs pastel comme le rose, les boissons alcoolisées slim et la culture des «wine moms» sont des exemples parlants de la manière dont l’industrie cible les femmes pour promouvoir la consommation. «L’ASPQ met en garde vis-à-vis des effets défavorables que la publicité ciblée peut avoir auprès d’une population déjà désavantagée en ce qui concerne l’alcool», précise la directrice des projets.
Le jugement envers les femmes qui consomment de l’alcool
La critique envers les femmes qui consomment de l’alcool crée d’importantes barrières à leur recherche d’aide et à l’accès aux services de soins. Près de 70 % des femmes rapportent qu’elles subissent un jugement plus sévère que les hommes en état d’ivresse. C’est encore plus vrai chez celles qui sont mères ou qui ont des troubles associés à l’alcool. Les attentes sociétales liées aux rôles traditionnels, comme la maternité, aggravent cette stigmatisation. «Les femmes qui demandent de l’aide devraient pourtant être soutenues sans jugement», souligne Kim Brière-Charest.
Les normes sociales incitent à boire de l’alcool
«Refuser de boire est souvent mal perçu. On nous demande si on est malade ou enceinte, nous rappelle la directrice à l’ASPQ. L’alcool est banalisé et omniprésent dans nos rituels sociaux. » On devrait pourtant être en mesure de choisir de ne pas consommer d’alcool sans se sentir à part.
Offrir des boissons sans alcool durant des rencontres et des réunions familiales pourrait alléger la pression sociale et favoriser le respect des choix de consommation des gens. Cette évolution vers une acceptation plus large des choix personnels est importante pour modifier la perception de l’alcool, notamment chez les femmes.
4 conseils de TOUGO pour une consommation d’alcool responsable
Face à ces défis, adopter une approche réfléchie à l’égard de la consommation d’alcool devient important.
- Si on ne boit pas d’alcool, on exprime clairement sa décision. Ça peut aider à faire respecter ce choix et à le normaliser.
- Si on choisit de boire, on le fait avec modération. On peut alterner avec de l’eau ou des boissons non alcoolisées. On s’assure de toujours consommer des boissons alcoolisées dans un environnement sécuritaire, en compagnie de personnes de confiance.
- On prend conscience de sa consommation. Porter attention à la quantité consommée, aux motivations derrière son verre et au contexte peut prévenir bien des problèmes.
- On ne conduit jamais si on a trop bu. Dans ce cas, on choisit de se faire conduire pour garantir sa sécurité et celle des autres.
Merci à Kim Brière-Charest, directrice des projets sur les substances psychoactives à l’Association pour la santé publique du Québec, pour sa collaboration à cet article.
Source
Desjardins, Gabrielle (2024). Alcool au féminin. Rapport sur les enjeux liés à la consommation d’alcool chez les Québécoises. Association pour la santé publique du Québec.