Les relations interpersonnelles activent plusieurs fonctions du cerveau
Quand on partage du temps avec d’autres personnes, qu’on échange sur de nouveaux sujets, ou qu’on s’investit avec des gens dans un projet ou une cause, plusieurs de nos fonctions cognitives se mettent en branle. Même si ça se fait dans le plaisir, notre cerveau travaille fort. Il est sollicité sur plusieurs plans! En voici des exemples.
La mémoire
On retient le nom des nouvelles personnes qu’on nous présente, on se rappelle les propos échangés avec les autres pour garder le fil d’une rencontre à l’autre, on se souvient d’événements du passé pour les raconter.
Le langage
On entretient notre habileté à nous exprimer verbalement avec la personne en face de nous.
Le jugement
On doit analyser et interpréter des informations avant d’en faire part à d’autres, savoir quoi dire au bon moment et s’adapter au contexte de la conversation.
Le sens de la planification et de l’organisation
On doit prévoir des moments pour faire des rencontres sociales et les inscrire dans notre agenda, et organiser le repas (et planifier le ménage!) quand on reçoit chez soi.
L’attention
Lors d’une discussion, on doit se concentrer sur la conversation malgré des distractions autour de nous ou en accomplissant plus d’une tâche à la fois, en parlant avec les convives pendant qu’on finit de préparer le repas par exemple.
La résolution de problèmes
Quand un conflit survient, par exemple, on doit faire en sorte d’apaiser les tensions ou, quand un problème surgit, on se creuse les méninges pour trouver une solution.
La capacité à apprendre
On doit en effet s’informer pour mieux communiquer avec les gens avec qui on est en interaction en étant au courant de l’actualité, en perfectionnant nos connaissances sur un sujet pour les transmettre aux autres, etc.
Le cerveau: siège des émotions et des habiletés sociales
Les interactions sociales sont stimulantes et nous font souvent vivre des émotions, et ça, c’est dans le cerveau que ça se passe!
Les émotions résultent de l’activation de circuits qui touchent de nombreuses zones cérébrales réparties partout dans le cerveau.
Chez l’enfant, le cerveau est immature, ce qui ne lui permet pas de gérer les émotions et les impulsions. Un encadrement et des expériences positives durant son enfance et son adolescence contribueront au développement de ses capacités à contrôler ses pulsions, à raisonner, à planifier et à juger.
Même si les changements s’opèrent moins intensivement dans un cerveau adulte, la plasticité cérébrale demeure, et il est encore possible de «modeler le cerveau» pour améliorer davantage ses compétences sociales et affectives comme la création et le maintien de liens significatifs, l’empathie et la bienveillance.
Il peut être intéressant d’élever notre niveau de stimulation en sortant de notre zone de confort: rencontrer des gens qui vivent dans un milieu différent du nôtre peut être une façon de se mettre au défi…
Relations interpersonnelles et hormones
Les interactions sociales transforment le cerveau, à court et à long terme, par le biais des hormones. La recherche montre que les relations satisfaisantes favorisent une augmentation de la sérotonine (stabilisant de l’humeur), de la dopamine (molécule qui apporte plaisir, motivation et créativité), de l’ocytocine (hormone de l’amour, du lien conjugal, de la confiance), des endorphines (hormone du bien-être) et une baisse de l’adrénaline et du cortisol (hormones du stress).
Voici quelques exemples de gestes sociaux qui influencent la libération des hormones:
- Recevoir et donner des câlins;
- Partager du bon temps, rire et jouer avec d’autres;
- Participer à des activités altruistes ou de soutien;
- Avoir des relations intimes et sexuelles;
- Se sentir en sécurité auprès de quelqu’un.
Il faut faire attention, car cela joue dans les deux sens. Nous ne sommes pas à l’abri des émotions négatives de notre entourage. Par exemple, quelqu’un peut nous transmettre son stress, ce qui peut affecter notre cerveau de la même manière qu’un stress réel que l’on vivrait soi-même. À nous de nous entourer des bonnes personnes!
Plus on interagit, plus notre cerveau vieillit en santé!
Plus nous vivons d’expériences sociales, plus les circuits qui interviennent dans ces fonctions cognitives et émotionnelles se développent et se maintiennent actifs. Avec le temps, les réseaux neuronaux sont plus efficaces, et on devient de plus en plus à l’aise et habiles. En vieillissant, nos liens sociaux et nos activités sociales nous aident à maintenir une bonne vitalité cognitive et sont associés à un vieillissement en santé. De quoi donner le goût de ne pas s’isoler et de tisser serré les liens avec les personnes qu’on apprécie!
Merci au Dr Louis Bherer, neuropsychologue et directeur du Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de Montréal, pour sa collaboration à cet article.